ACCUEIL
ORGANISATION
COMMUNIQUES
RAPPORTS
ANALYSES
EVENEMENTS
REACTIONS
CONTACT
 
NEWSLETTER
Analyses

Territoires palestiniens : en route vers une troisième Intifada ?

.: le 25 septembre 2008

Tant que l’univers palestinien était divisé en deux entités séparées seulement physiquement, cela pouvait durer. Mais à partir de janvier 2009, cet univers sera aussi divisé sur le plan légal, une situation qui peut entraîner l’effondrement politique palestinien, estime un éminent politologue israélien.

Ce qui s’est déjà passé en 1936 et en 1948, se produira aussi bien dans quatre mois, lorsque le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, âgé de 73 ans, terminera son mandat. C’est alors que l’ouragan se déchaînera.

Le Hamas n’autorisera pas des élections dans la bande de Gaza, encore moins si le candidat est un membre du Fatah, Abbas lui-même ou un autre. Par conséquent, toute élection présidentielle sera impossible. Le Hamas attend de pied ferme ce scénario, pour affirmer que, selon la Constitution palestinienne et la loi électorale, tout président qui se retire est remplacé par le président du Parlement. Aujourd’hui, ce dernier est un homme du Hamas, Aziz Dweik, mais dans la réalité des faits le Parlement a été dissous et ne fonctionne pas. Comme Dweik est détenu par Israël, le Hamas demandera qu’il soit remplacé par son adjoint, Ahmed Bahar. C’est ainsi que le Hamas a l’intention de s’emparer de l’ensemble des territoires, sans élections.

Alors quelles sont les conséquences de ce scénario ?

• Le territoire de Gaza est l’Etat palestinien, avec une souveraineté totale, bien qu’il soit isolé et non reconnu. Il n’a plus aucune relation avec la Cisjordanie.

• Le désir du gouvernement d’Israël de parvenir à un accord diplomatique avec Mahmoud Abbas à la fin de 2008 n’est pas réaliste. En effet, lors des prochains mois Abbas se radicalisera en propos et actes. Ce n’est pas par hasard qu’il est allé visiter Samir Kuntar au Liban et qu’il clame à tout va que les "réfugiés palestiniens" rentreront chez eux, en Israël. Pour ne pas être accusé de capituler devant Israël, Abbas sera amené à se radicaliser.

• Toutes les institutions de l’Autorité palestinienne ne fonctionnent pas, ni à Gaza, ni en Cisjordanie, avec l’excuse de l’"ennemi terrible, Israël". Ce qui en fait une entité artificielle et seul Israël en fait la maintient en vie, lui évitant un effondrement politique, économique et social.

• Nous arrivons à la situation absurde où tout a été échafaudé artificiellement autour de Mahmoud Abbas. Même le soutien que lui accorde Condoleeza Rice est artificiel et en a fait le partenaire essentiel. S’il reste, on aura apparemment une solution diplomatique. S’il s’en va, tout va s’effondrer avec son départ. Situation absurde.

• Ceci est le reflet de la très grande faiblesse de la carte Abbas. Comment peut-on signer un accord avec quelqu’un qui ne représente plus grand-chose dans l’Autorité palestinienne ? S’il reste président, sans procéder à des élections, la situation ne serait pas conforme à la démocratie et comment pourra-t-on se fier alors à un accord dans ces conditions ? En fait, il a déjà dissolu le Parlement, installé un gouvernement illégal, sans l’accord du Parlement, et, demain, d’autorité, prolongera-t-il son mandat ? Qu’adviendra-t-il si un homme du Hamas devient aussi Président, selon la loi ?

• En fin de compte, du moment que le Hamas a écarté la perspective d’élections présidentielles, le rêve palestinien d’unité s’évanouit, et nous aurons deux peuples avec deux destins. En fait, dans le panorama de la région, nous aurons même quatre entités palestiniennes : Gaza, Cisjordanie, Jordanie, Israël. Pas mal du tout, pour un peuple qui clame qu’il n’a pas d’Etat.

Pour les Palestiniens, la seule issue pour sortir de cette détresse, c’est de s’insurger encore une fois, à travers une autre "intifada" ou une action militaire contre Israël, afin d’unir toutes ces entités palestiniennes. Si elle réussit à former un gouvernement, Tsipi Livni sera perçue comme un signe de la faiblesse d’Israël et encouragera cette réaction violente. Sommes-nous prêts pour cela ? Devant le vide de chef véritable et devant la pusillanimité de nos dirigeants, est-ce que quelqu’un se prépare pour l’effondrement palestinien annoncé et les conséquences qui vont nous atteindre ?

Guy BECHOR © Yediot Aharonot

Anglais Français Arabe Persan Turc Hébreu Kurde