ACCUEIL
ORGANISATION
COMMUNIQUES
RAPPORTS
ANALYSES
EVENEMENTS
REACTIONS
CONTACT
 
NEWSLETTER
Analyses

Soudan : Omar El-Béchir défie la justice internationale

.: le 4 mars 2009

Alors que la Cour pénale internationale annonce qu’elle vient de délivrer un mandat d’arrêt contre le président du Soudan pour crimes de guerre, ce dernier décide d’ignorer la décision. Mais, dans la capitale soudanaise, la population est inquiète.

A Khartoum, tout le monde semblait sur le qui-vive dans l’attente de la décision des juges de la Cour pénale internationale concernant la suite à donner à la demande du procureur général Luis Moreno-Ocampo, faite le 14 juillet 2008, d’inculper le président du Soudan Omar El-Béchir pour crimes de guerre. Le président est accusé d’être responsable, en tant que chef d’Etat, des massacres de dizaines de milliers de personnes perpétrés par les forces armées soudanaises et les janjawids [milices de pillards arabes] soutenues par le gouvernement. Le président Omar El-Béchir a réitéré son refus de se plier aux décisions du tribunal en disant qu’il n’avait que faire de la décision des juges. Plusieurs membres de son gouvernement avaient dit que le 3 mars serait un jour comme les autres. Pourtant les habitants de la capitale ne cachent pas leur inquiétude. Ils ont commencé à faire des stocks de produits alimentaires pour être prêts à toute éventualité. Beaucoup craignent que la décision du tribunal ne débouche sur un coup d’Etat. Ainsi, Ahmed Abdallah, propriétaire d’une forge, explique qu’il n’a pas ouvert son atelier aujourd’hui "par précaution".

La police a renforcé sa présence sur les sites sensibles et autour des représentations diplomatiques. Tout le monde se rappelle les actes de vandalisme qu’a connus la capitale après l’accident d’hélicoptère qui avait tué le chef de l’Armée de libération des peuples du Soudan (SPLA), John Garang, en 2005. On se souvient également de l’attaque menée par l’organisation armée du Mouvement pour la justice et l’égalité dans le Darfour contre la ville d’Oum Dourman [près de Khartoum] en mai 2008. Hier, Omar El-Béchir s’est adressé à une foule de plusieurs milliers de personnes rassemblée pour l’inauguration d’un barrage dans le nord du pays. Son objectif était d’opposer une fin de non-recevoir à la Cour pénale internationale. "Les décisions passées ou futures des ennemis du Soudan ne feront que renforcer la détermination du peuple", a-t-il déclaré. Parlant abondamment des complots visant à renverser son gouvernement et à mettre en échec sa politique de développement, il a promis que le tribunal n’arriverait pas à le détourner de sa mission au service du pays. "Nous leur répondons aujourd’hui par l’inauguration de ce barrage et nous leur répondrons demain par un autre barrage", a-t-il ajouté. Il a vanté les qualités de son pays, qui a réussi, face aux défis, à signer un accord de paix, à lancer des projets de développement, à goudronner les routes, à mettre en place un réseau téléphonique, à dépasser toutes les difficultés pour extraire et exporter le pétrole. Il a aussi fait valoir que la Banque mondiale avait classé le Soudan parmi les économies à la croissance la plus rapide. Plusieurs fois, son discours a été interrompu par la foule qui scandait : "Nous ferons barrage". Les personnes présentes ont ensuite brûlé des mannequins à l’effigie du procureur Luis Moreno-Ocampo.

Ismaël ADAM © Asharq Al-Awsat

Anglais Français Arabe Persan Turc Hébreu Kurde