ACCUEIL
ORGANISATION
COMMUNIQUES
RAPPORTS
ANALYSES
EVENEMENTS
REACTIONS
CONTACT
 
NEWSLETTER
Analyses

Respecter le Coran ne signifie pas l’idolâtrer

.: le 13 janvier 2015

Dans un article publié sur son blog « Savoir ou se faire avoir », Sami Aldeeb pose la question de la sacralisation du Coran, « idolâtré » des croyants et considéré comme écrit par Dieu lui-même. Il considère que cette déification de ce qui est juste un livre humain conduit à la bêtise et la barbarie et précise que « respecter » ne signifie pas « idolâtrer ».

Extraits :

Je m’intéresse au Coran plus que 99% des musulmans

Personne ne peut me reprocher de ne pas respecter le Coran. Je l’ai traduit en français et je suis en train de finir une traduction italienne et une traduction anglaise. Je serai donc le seul traducteur dans l’histoire et dans le monde à avoir traduit le Coran en trois langues.

De plus, j’ai préparé une édition arabe du Coran qui peut être considérée comme la meilleure édition arabe du Coran. Elle comporte des références aux circonstances de la révélation, aux variantes sunnites et chiites, aux versets abrogés et abrogeants, aux sources du Coran, au sens des termes difficiles et aux erreurs linguistiques et stylistiques. (…) Le Coran fait partie de l’héritage de l’humanité, autant que l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Tout comme j’invite les non-musulmans à lire le Coran, j’invite aussi les musulmans à lire l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

En tant qu’Arabe, je considère le Coran comme partie de ma culture arabe puisqu’il est le premier livre en langue arabe. Et en tant que chrétien, le Coran fait partie de ma culture religieuse, et je considère que les juifs et les chrétiens ont plus de droits sur le Coran que les musulmans, du fait que 90% de son contenu provient de sources juives et chrétiennes. Pour cette raison, ils doivent l’étudier, le comprendre et le diffuser.

« Daesh en Syrie et en Irak salit le Coran comme ceux qui le jettent aux toilettes »

Tout comme je suis triste lorsque je vois le Coran déchiré ou jeté aux toilettes, je suis triste que des mouvements islamistes fassent usage du Coran pour commettre des crimes abominables, comme Daesh en Syrie et en Irak. Ce faisant, ils salissent le Coran comme ceux qui le jettent aux toilettes, voire plus, et poussent les non-musulmans, mais aussi les musulmans, à détester le Coran au point de devenir athées. Je n’ai personnellement rien contre les athées, ni contre les religieux, puisque chacun a le droit de vivre selon ses propres convictions et sa propre conscience. Chacun de nous en fait rejette la croyance des autres. Mais quelle que soit notre religion, on ne doit pas manquer de respect envers le Coran, l’Ancien Testament ou le Nouveau Testament.

« Si jamais vous voyez un livre descendre du ciel, sachez qu’un voyageur l’a jeté du hublot d’un avion pour s’en débarrasser »

Le respect que nous devons porter au Coran, à l’Ancien Testament, au Nouveau Testament et aux autres livres faisant partie de l’héritage de l’humanité, ne signifie pas que nous devons nous abstenir de les étudier de façon critique, tant sur le plan du contenu que sur le plan de la langue. Jeter le Coran, l’Ancien Testament ou le Nouveau Testament aux toilettes constitue un manquement envers ces livres, mais idolâtrer ces livres est un excès nuisible pour l’humanité.

La nocivité d’une telle idolâtrie découle du fait qu’elle va à l’encontre du bon sens et des évidences. Chaque livre est humain. Considérer un livre comme descendu du ciel est le sommet de l’idiotie. Ne descendent du ciel que la pluie et les météorites, et si jamais vous voyez un livre descendre du ciel, sachez qu’un voyageur l’a jeté du hublot d’un avion pour s’en débarrasser.

La croyance que le Coran est la parole de Dieu a conduit les musulmans à ce qui est connu sous le nom de « Mihna », l’équivalent des tribunaux d’inquisition chrétiens. Des centaines, voire des milliers de musulmans entre partisans et adversaires ont été tués : les uns pensaient que le Coran est parole de Dieu de toute éternité, alors que d’autres affirmaient qu’elle est parole créée. Cette inquisition a été largement étudiée par Fehmi Jadaane dans son livre en langue arabe : « L’épreuve : recherche dans la dialectique religieuse et la politique dans l’islam » qui peut être téléchargé gratuitement.

« Les philosophes des Lumières ont entrepris une révolution intellectuelle pour faire descendre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament de leur piédestal et en faire des livres humains »

Le même problème existe dans le judaïsme et le christianisme, autour de l’idolâtrie de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament. Ceci est à la base des tribunaux d’inquisition, a coûté la vie à de nombreuses personnes, et a muselé les scientifiques et les penseurs. Inutile ici de rappeler le procès de Galilée et de bien d’autres. En raison de ces abominations commises par ces tribunaux d’inquisition, les philosophes des Lumières ont entrepris une révolution intellectuelle afin de faire descendre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament de leur piédestal et en faire des livres humains. Cette révolution a ouvert la porte à la renaissance intellectuelle, sociale, scientifique et industrielle dans le monde occidental.

Malheureusement, le monde arabe et musulman n’a pas pu suivre l’évolution de la civilisation et a continué à idolâtrer le Coran. Et comme conséquence, nous vivons aujourd’hui les plus sombres moments de l’histoire avec les crimes abominables de Daesh et d’autres mouvements islamiques commis aussi bien contre les musulmans que les non-musulmans, contre les femmes, l’art et tout ce qui est beau dans l’humanité. Et ainsi le monde arabe et musulman se voit envahi par des gangs de criminels sous la bannière du Coran et la bannière de Mohammed, soutenu par des institutions religieuses ouvertement ou en cachette, y compris Al-Azhar et autres centres islamiques sunnites ou chiite, et ces gangs criminels sont financés par des individus, des institutions et même des gouvernements imbibés de barbarie. Nous sommes ainsi revenus au système des captives de guerre vendues dans les marchés aux esclaves, à l’imposition de la jizya [réservé aux non-musulmans] et aux massacres, terrorisant les civils, les expulsant de leurs maisons et les dépossédant de leurs biens, détruisant les monuments et les manuscrits, sans parler de la destruction des villes et des pillages. (…)

Sami ALDEEB © Savoir ou se faire avoir (Suisse)

Sami ALDEEB est Professeur des universités suisse palestinien, éminent islamologue et traducteur du Coran par ordre chronologique en trois langues (français, anglais et italien).

Anglais Français Arabe Persan Turc Hébreu Kurde