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Les pays du Golfe arabo-persique depuis 2011 : persistance d’une géopolitique conflictuelle (1/2)

.: le 11 novembre 2017

Au cours de cette analyse Pascal Le Pautremat décrit la situation des pays du Golfe arabo-persique depuis les printemps arabes de 2011. Dans cette première partie il introduit la notion de "Golfe arabo-persique" et explique les effets des printemps arabes dans la région.

SEPT ans après les débuts des « Printemps arabes » [1], inquiétudes et interrogations, mêlées de perplexité, restent prégnantes à l’égard de la situation du Golfe arabo-persique. Certes, cette région intercontinentale – et stratégique – de quelque 251 000 km², est au cœur des préoccupations géopolitiques, de manière récurrente, depuis des siècles. Mais elle focalise bien des tensions à la fois politiques, religieuses et économiques.

Le Golfe persique constitue un espace maritime, à la fois comme zone d’échanges maritimes et espace frontaliers, sur fond de richesses gazières et de pétrolières. Les pays du Golfe, conscients de leur atout énergétique si convoité, ont su – malgré leurs différences – s’organiser au sein de l’Organisation des Pays exportateurs de Pétrole (OPEP), née en 1960 [2]. Peut lui être associée l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (OPAEP), créé en 1968, dont le siège est à Koweït et qui tente de coordonner les politiques énergétiques des pays arabes, afin de favoriser leur développement économique [3].

Aux enjeux économiques et sociaux, se superposent les sempiternels – et lassants – antagonismes dogmatiques entre sunnisme et chiisme. Face au constat d’un regrettable bras de fer entre l’Arabie saoudite et la puissance perse, accusée de tous les maux et de toutes les turpitudes du Golfe arabo-persique, les puissances occidentales n’ont de cesse de jouer officiellement une même partition tactique, en s’associant avec des intensités variables, dans la lutte contre le terrorisme. Mais, stratégiquement, la partition est bien diversifiée lorsqu’il s’agit de se positionner économiquement dans la région considérée. Car deux concepts de mises en valeur et d’exploitation commerciale des ressources économiques se font face : d’un côté, le jeu des Anglo-saxons, à partir de l’axe Arabie-saoudite-Turquie, à destination de l’Europe. De l’autre, un axe associant la Russie, l’Iran, l’Irak et la Syrie s’est mis en place, sur fond de concurrence pour un marché acéré des hydrocarbures.

Quelle est la situation du Golfe arabo-persique depuis la période des dits « Printemps arabes » ?

Nous verrons que les antagonismes ethniques et confessionnels sont particulièrement intenses, tandis que les logiques stratégiques du lobbying persistent et s’adaptent à la conjoncture. Celle-ci est, de surcroît, marquée par un jihadisme transversal dont le socle s’est édifié à partir d’un axe syro-irakien. Conjointement, les grandes puissances, notamment occidentales, s’appliquent à perpétuer des jeux d’influence – et de concurrence – tandis que les pétromonarchies, enfin, se projettent pour se positionner de manière convaincante dans une économie des énergies renouvelables.

L’empreinte des « Printemps arabes » dans une région stratégique : crispations identitaires et dogmes religieux Sur le plan didactique, lorsque l’on parle des Etats du Golfe, il s’agit de ceux de la péninsule arabique mais aussi ceux disposant d’une bande littorale qui ouvre sur le Golfe arabo-persique. Si bien que l’on y intègre, globalement les pays arabes, majoritairement sunnites, que sont l’Arabie saoudite (2,1 millions de km²) monarchie wahhabite née en 1932 et toujours dirigée par la dynastie séoudienne [4], les Emirats arabes unis (EAU), le Qatar, Oman, le Yémen, le Koweït, ainsi que Bahreïn, monarchie sunnite pour une majorité de chiites, l’Irak et l’Iran, puissance perse et chiite par excellence.

Trois groupes ethniques majoritaires ont façonné l’histoire du Moyen-Orient : les Perses (30% de la population de la région), les Arabes (40%) et, enfin, les Turcs et populations de langues ouralo-altaïques (25%). Conjointement, il y a de fortes diversités ethnico-religieuses dans cette vaste région, puisqu’il faut y ajouter les 30 à 40 millions de Kurdes [5], répartis entre l’Est de la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran, et, enfin, le peuple israélien (8,5 millions de personnes en 2017 dont 1/5e d’Arabes israéliens [6]). Globalement, selon les prévisions avancées pour 2025, le poids démographique des pays du Golfe arabo-persique pourrait être de l’ordre de 280 à 290 millions de personnes.

Lobbying, jeux d’alliances et rapports de force

Sans remonter trop loin dans le temps, rappelons qu’au XIXème siècle, le Moyen-Orient perpétue son statut de zone relais ou intermédiaire, entre Occident et Asie, au cœur de rivalités et jeux d’influences entre grandes puissances impérialistes. Citons, notamment, la Grande-Bretagne, soucieuse de préserver tant l’accès à son Empire des Indes que son existence même, et de contrôler la région face à la Russie, désireuse, pour sa part, d’élargir son influence en Asie centrale, d’avoir un accès aux mers chaudes, notamment à l’Océan Indien via la Mer Rouge. Les progrès techniques, le développement de la motorisation et la dépendance énergétique aux hydrocarbures n’ont fait qu’attiser, fin XIXème siècle-début XXème siècle, les aspirations au contrôle du Hearthland, au cœur des réflexions géopolitiques, dans le sillage des théories du Britannique Halford John Mackinder (1861-1947), de l’Américain Alfred Mahan (1840-1914) reprises ensuite par tant d’autres.

Gardons à l’esprit qu’en dehors des vicissitudes inhérentes aux conjonctures conflictuelles (Première et Seconde Guerres mondiales), c’est bien la Grande-Bretagne qui, de manière globale, apparaît comme la puissance dominatrice entre la fin du XIXème siècle et les années 1930. Elle perd peu à peu son assise, à la fin de la première moitié du XXème siècle, pour être supplantée par les Etats-Unis. L’historiographie contemporaine retient que l’alliance intéressée entre Washington et l’Arabie saoudite se concrétise par le Pacte du Quincy, le 14 février 1945. Les sujets abordés ne sont d’ailleurs pas ceux auxquels on croit communément, comme le rappelait, en 2016, l’historien Henry Laurens [7].

Le contexte de Guerre froide (1947-1991) fait le reste, dans un processus de tentatives diverses et parfois aléatoires d’alliances sporadiques entre grandes puissances et Etats de la région, avec une constante double : le rapport de force entre Juifs et Arabes, les dissensions entre Arabes et Perses, sur fond de rivalité entre sunnisme et chiisme.

Une nouvelle phase de mutations est apparue en 2011, lorsque les régimes du monde arabo-musulman subissent les mécontentements populaires, longtemps réfrénés.

Au-delà de la montée en puissance puis du jeu spectral du terrorisme islamique à partir des années 1990, des opérations militaires menées en Afghanistan et en Irak, respectivement à partir d’octobre 2001 et mars 2003, une nouvelle phase de mutations est apparue en 2011, lorsque les régimes du monde arabo-musulman subissent les mécontentements populaires, longtemps réfrénés, qui conduisent à des situations hétérogènes, au cœur de bien des supputations et de jeux diplomatiques.

Paradoxalement, les facteurs explicatifs de cette situation ne sont pas nouveaux. Ils sont même au cœur des réalités géopolitiques tout au long du XXème siècle. De surcroît, la sempiternelle – et lassante – guerre entre chiisme et sunnisme, tragique reflet d’une culture d’intolérance pluriséculaire, a conduit des pays, tels l’Arabie saoudite et le Qatar (11 586 km²), à s’impliquer dans des crises régionales qui tournent au désastre pluridimensionnel : humain, politique et économique.

2011-2017 : entre répressions, guerres confessionnelles et interethniques

Les crises tragiques de 2011 conduisent, en effet, à des situations de guerres civiles d’intensité variable en Afrique du Nord, avec des changements de régimes plus ou moins crédibles (Tunisie, Libye et Egypte), au Moyen-Orient (Syrie, Yémen) – nous y reviendrons – et à des processus de négociations afin de maintenir une certaine paix sociale (Maroc, Algérie), sans que les problèmes de fond ne soient réglés pour autant.

En Arabie saoudite, au Koweït comme à Oman, les mouvements de contestation sont rapidement désamorcés. La contre-révolution est nettement plus violente dans le micro-royaume insulaire de Bahreïn (765,3 km²) où 65% des 550 000 habitants nationaux sont chiites [8]. Le 14 mars 2011, l’Arabie saoudite envoie un millier de soldats, renforcé de 500 militaires émiratis et qataris, avec l’accord du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) [9], pour y réprimer, dans la capitale, Manama, la « révolution de la place des Perles », engagée depuis le 14 février 2011 contre le roi Hamad al-Khalifa, sur le trône depuis 2002 [10]. Les régimes sunnites ont tôt fait de légitimer cette répression en agitant le leitmotiv du jeu souterrain de l’Iran, accusé une fois encore – mais sans preuve tangible – d’avoir initié le mouvement de rébellion qui avait pourtant associé chiites et sunnites aux aspirations laïques.

Au Yémen et en Syrie, les évènements ont engendré des guerres confessionnelles, pluriethniques à caractère international compte tenu des jeux d’alliance et des coalitions intervenantes. Dans les deux cas, la tragédie s’est imposée.

Le Yémen subit ainsi, depuis la nuit du 24 au 25 mars 2015, bombardements aériens, destructions d’infrastructures, luttes fratricides et drames humanitaires (plus de 4 500 civils tués par les bombardements aériens) et sanitaires (épidémie de choléra). En juillet 2017, les rapports internationaux font état de plus de 7 800 tués, plus de 44 000 blessés et deux millions de personnes déplacées, des dizaines de milliers de blessés, sans oublier plus de 180 000 exilés.

Le président Ali Abdallah Saleh a dû quitter le pouvoir en février 2012, sous la pression d’une vive opposition populaire et de la communauté internationale. Après des années de guerre intestines, de mutation du pouvoir exécutif sur place, Saleh, qui ne s’était pas résolu à renoncer définitivement, a trouvé en l’Arabie saoudite, un allié de taille et assez opportuniste qui fait valoir son mépris à l’égard des Houthis, zaïdites – le Zaïdisme est dérivé du chiisme – pour lancer une vaste coalition sunnite en mars 2015 (Opération Tempête décisive) en s’associant huit autres Etats : le Maroc, le Soudan, l’Egypte, la Jordanie, le Koweït, Bahreïn et le Qatar et les Emirats arabes unis. Les Etats-Unis apportent aussi leur contribution sur le plan logistique et en matière de renseignement. Une fois de plus, Riyad accuse Téhéran d’être derrière le sursaut houthiste et d’avoir des visées sur sa frontière sud. Et là encore, le soutien de l’Iran n’est pas certain. Et s’il existe, il demeure assez marginal.

Le conflit s’enlise, les négociations en faveur de la paix sont vaines, tout comme les cessez-le-feu qui ne sont pas respectés. La coalition sunnite souffre aujourd’hui d’une image de marque ternie par les crimes de guerre enregistrés et la dimension contre-productive de l’intervention ; même si les médias, occidentaux, ne sont guère prolixes sur ce conflit.

Si la guerre au Yémen est minimisée pour des raisons de stratégies économiques parallèles – il s’agit de ne pas irriter les pétromonarchies parties prenantes – la situation est toute autre pour la crise syrienne.

La Syrie, depuis 2011, voit perdurer une guerre confessionnelle, à la fois civile et internationale, au-delà de multiples trêves sans portée, de tentatives vaines d’accords entre les diverses parties prenantes [11]. Nous ne reviendrons pas ici sur les atermoiements français et américains, notamment entre 2011 et l’été 2013, pour fixer une politique claire vis-à-vis d’une rébellion hétérogène autant que disparate dont le panel « modéré » s’est fait annihiler peu à peu par les mouvances jihadistes, soutenues sur les plans logistiques et financiers par les réseaux saoudiens et qataris.

L’hydre du jihadisme

Il existe bien des mouvances à caractère jihadistes, dont les ambitions sont parfois en concurrence. Nombre d’entre elles s’affrontent depuis 2011. L’Arabie saoudite soutient, en Syrie, la rébellion protéiforme à consonnance wahhabite [12], tandis que le Qatar associé à la Turquie soutiennent les réseaux salafistes [13] et proches des Frères musulmans.

Le tout est couronné par la lutte d’influence entre l’Etat islamique (EI) [14] et ses groupes affiliés, d’une part, et Al Qaeda, d’autre part, représenté par le mouvement Front al-Nosra devenu, au cours de l’été 2016, le Front Fatah al-Cham puis, en janvier 2017, Hayat Tahrir al-Cham (HTS - Organisation de Libération du Levant) à partir d’un agglomérat de diverses factions implantées dans le nord-ouest de la Syrie.

L’EIIL change de nom en 2013 pour devenir l’Etat islamique et proclame, en 2014, l’instauration d’un Califat.

L’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) a profité des troubles occasionnés par les « printemps arabes » de 2011 pour percer dans la région. Véritable hydre régionale, il égrène des réseaux qui souhaitent étendre et généraliser l’implosion des Etats, notamment l’Arabie saoudite et la Jordanie, au nom d’un hypothétique califat.

Fort de ses complicités transfrontalières, en Turquie, de ses capacités à établir des filières d’approvisionnements logistiques, en armes et munitions, tout en vendant du pétrole au marché noir, l’EIIL change de nom en 2013 pour devenir l’Etat islamique et proclame, en 2014, l’instauration d’un Califat destiné à rayonner sur le territoire historique de la Grande Syrie – Bilad el-Cham – qui, historiquement englobe l’Irak et la Syrie. Sa finalité étant, à terme de s’étendre à une large partie de l’Afrique du Nord, de l’Europe méditerranéenne et occidentale.

Sur le sol irakien, l’extension de l’EI n’est stoppée qu’à partir de 2015, au niveau de Tikrit, avant que ne soit engagée, depuis, un long processus de reconquête et de sécurisation des zones que les jihadistes tenaient sous leur joug.

Le Moyen-Orient, et principalement l’arc syro-irakien, demeure donc miné par la toile d’un jihadisme transfrontalier. Les divers jeux d’influence et d’alliance avec des courants islamiques dans plusieurs pays arabo-musulmans, tant au Moyen-Orient que dans certains Etats africains de la zone pansahélienne, sont de notoriété publique, désormais, quoique longtemps minimisés ou niés.

L’Arabie saoudite et le Qatar sont rattrapés par leurs politiques de soutiens polymorphes apportés à une rébellion syrienne hétéroclite. Les deux pays paient le prix fort en matière d’image de marque, victimes à la fois du jeu de certains membres des familles royales, Al Saoud et Al Thani, et de l’ultra conservatisme des régimes en place.

Les pays du Golfe arabo-persique depuis 2011 : persistance d’une géopolitique conflictuelle Arabie saoudite, La Mecque En même temps, cette situation a sans doute contribué à ce que la branche réformiste de la famille régnante, en Arabie saoudite, sorte de l’ombre et se lance dans une nouvelle dynamique, particulièrement osée ; comme en témoigne la politique de purge lancée, début novembre 2017, par le prince héritier Mohammed Ben Salman, âgé de 32 ans – surnommé MBS – fils favori du roi Salman, sur le trône depuis janvier 2015 [15].

La commission de lutte contre la corruption, placée sous la direction de Mohammed Ben Salman, a ainsi fait arrêter 11 princes, dont le milliardaire Al-Walid ben Talal [16], et des dizaines de ministres et hommes d’affaires, reconnus coupables d’abus divers en profitant de leurs statuts. En outre, Mohammed Ben Salman se veut l’architecte d’un islam modéré, loin du rigorisme wahhabite. Il ose ainsi prôner une politique de distanciation à l’égard des personnalités partisanes d’une religiosité ultra-conservatrice et compte bien concrétiser diverses mesures, par étapes, en faveur de l’émancipation des femmes, toujours considérées comme des mineures sur le plan juridique.

Ce bouleversement majeur dans la vie politique et religieuse de l’Arabie saoudite est considéré comme le plus important depuis l’ère médiévale. Il vient aussi rappeler combien rien n’est figé et peut-être l’objet de mutations que l’on souhaite prometteuses et constructives.

Quant aux jeux d’influence en provenance du Qatar, en direction des courants islamistes, Riyad tente désormais de s’en démarquer de manière claire. Le régime a ainsi pris ses distances avec le Qatar accusé de soutenir les groupements paramilitaires rigoristes aux motivations jihadistes, tout en semblant promouvoir une nouvelle phase de rapprochement avec Washington.

Pascal LE PAUTREMAT © Diploweb (France)

Pascal Le Pautremat est docteur en Histoire contemporaine et Relations internationales. Il est aussi président fondateur de la SAS Actiongeos (Conseils et Aides aux entreprises publiques et privées, tournées vers l’international). Il enseigne l’économie internationale, la géopolitique, la sociologie et les doctrines politiques dans divers pôles universitaires et Instituts publics et privés, notamment à Sciences-Po Paris, à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr ainsi qu’à l’Ecole de Guerre. Il est chroniqueur régulier de plusieurs revues. Spécialiste des crises et conflits contemporains, et de la politique musulmane de la France et du jihadisme.

Notes

[1] La dynamique des Printemps arabes débute en décembre 2010 en Tunisie

[2] L’OPEP est créée le 14 septembre 1960, lors de la conférence de Bagdad. Elle réunit à l’époque 5 Etats : l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït et le Venezuela. En 1973, s’ajoute, à ce premier cercle, le Qatar, Abou Dhabi, la Libye l’Algérie, le Nigeria, l’Indonésie, et l’Equateur

[3] Constituée le 9 janvier 1968, l’OPAEP réunit d’abord l’Arabie Saoudite, le Koweït et le Libye. En 1970, elle intègre l’Algérie, Bahreïn, les Emirats Arabes Unis et le Qatar. En 1972, l’Irak et la Syrie les rejoignent, tout comme l’Egypte l’année suivante

[4] La dynastie d’Al Saoud commença à régner sur la péninsule arabique à partir de 1744

[5] Voici des chiffres qu’il faut prendre avec réserve. Selon l’Institut kurde de Paris, les Kurdes seraient 15 millions en Turquie (soit 20 % de la population du pays), 6 à 7 millions en Iran (de 8 % à 10 % de la population), 2 millions en Syrie (9 % de la population) et 5 millions en Irak (22 % de la population)

[6] On retient, globalement, que les Juifs constituent 75% de la population israélienne. Pour plus de précisions, se reporter à : www.populationdata.net, Atlas des populations et des pays du monde. Vous pouvez également consulter le Bureau central des statistiques d’Israël

[7] Communément, on estime que le président Franklin Roosevelt, de retour de Yalta, rencontre le premier roi d’Arabie saoudite, Abdel Aziz Al-Saoud et signe à cette occasion un accord de Défense au profit du régime saoudien, avec, en retour, un positionnement préférentiel et avantageux sur le marché des hydrocarbures. Etabli pour 60 ans, l’accord aurait été renouvelé en 2005, via la rencontre entre le président George W. Bush et le prince héritier Abdallah, le 25 avril 2005 à Crowford (Texas). Henry Laurens rappelle qu’aucun de ces aspects ne fut, en réalité, abordé lors de la rencontre sur le croiseur américain. Il fut surtout question de la présence juive en Palestine, Roosevelt promettant de ne pas soutenir l’effort inhérent au concept de Foyer national juif avancé plusieurs décennies auparavant, et du positionnement américain face à l’influence britannique, les Etats-Unis ayant déjà consolidé les relations diplomatiques et économiques avec l’Arabie saoudite durant la Seconde Guerre mondiale. Laurens souligne que la question pétrolière ne fut même pas abordée car le sujet était déjà scellé e depuis 1933, lorsque des concessions pétrolières sont octroyées à la Standard Oil of California (Socal) qui établit la California Arabian Standard Oil Company (Casoc). Cf LAURENS Henry, « De quoi parlaient le président américain et le roi saoudien en février 1945 ? La Légende du Pacte du Quincy » in Orient XXI, 23 février 2016

[8] Le pays comptait en 2016, un peu plus de 1,4 millions d’habitants. Souvent considérée comme « l’arrière-boutique » de l’Arabie saoudite, Bahreïn est physiquement lié à l’Arabie saoudite via la Chaussée du roi Fahd, vaste édifice de près de 25 kilomètres de long inauguré en 1986, qui relie le continent à l’île de Bahreïn, destination appréciée des Saoudiens pour y contourner les strictes lois de leur propre pays en matière de consommation et de mode de vie

[9] Créé en 1981, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) ou Conseil de coopération des États arabes du Golfe Arabique – CCEAG), dont le rôle est considérable, réunit, l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes Unis et le Koweït et Oman et le Qatar. Le but est alors de favoriser la coopération économique entre ses pays membres. La tendance s’orientant vers la création d’une zone de libre-échange

[10] Lors des évènements de février 2011, les manifestants sont surtout désireux de sortir de cette dualité entretenue entre chiisme et sunnisme. Ils demandent des élections libres et la fin des discriminations entretenues à l’encontre des chiites. Selon les sources, on dénombre entre 35 et 55 morts et des centaines d’arrestations. Par la suite, le régime bahreïni a soigneusement étouffé puis empêché les rassemblements anniversaires commémorant la manifestation initiale de 2011. La moindre manifestation anniversaire est rapidement dispersée et les personnes interpelées et poursuivies en justice

[11] À en croire l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), dont la neutralité est loin d’être assurée, tout comme la fiabilité des chiffres qu’il avance, selon les données publiées en juillet 2017, le conflit aurait fait entre le 15 mars 2011 et le 15 juillet 2017, plus de 331 765 morts, dont près de 100 000 civils

[12] Le wahhabisme, doctrine en faveur d’un sunnisme rigoriste ou puritain, est mis en avant par Muhammad Ibn `Abd Al Wahhab (1703-1792) au XVIIIème siècle, dans la péninsule arabique. L’attachement à la charia n’y est pas incompatible avec l’existence d’un Etat monarchique à l’instar du royaume saoudien

[13] Le salafisme fait référence à un islam puriste, antérieur à la fitna, rupture qui conduit à l’apparition du chiisme, qui se veut le plus fidèle à l’islam des premiers disciples du Prophète. Il se décline selon trois orientations : le salafisme quiétiste, misant sur l’éducation et le prosélytisme pour islamiser les sociétés ; le salafisme politique, qui s’applique à intégrer une forme d’activisme politique ; et, enfin, le salafisme djihadiste qui estime que seul le Califat – transcontinental, loin des fondements nationaux – est la seule structure politique possible et légitime pour diriger les musulmans

[14] C’est à partir de 2006 que l’Etat islamique – dans son appellation actuelle – se constitue peu à peu en Irak, en marge d’Al Qaeda dont il contestait la politique qu’il juge trop peu incisive et ambitieuse. L’organisation, dénommée initialement Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) recrutent parmi d’anciens cadres de l’armée de Saddam Hussein, anciens membres parfois du parti Baas, amers de ne pas avoir été réintégrés dans la nouvelle armée irakienne, en raison des orientations pro-chiites du gouvernement chiite de Nouri al-Maliki, Premier ministre de 2006 à 2014 sous la conduite du président kurde irakien, Jalal Talabani (président République irakienne de 2005 à 2014)

[15] Le 21 juin 2017, un décret royal a désigné M. Ben Salman comme l’héritier du trône. Une décision royale qui est venue bouleversée l’ordre de succession et suscite bien des remous et tensions au sein de l’immense famille Al Saoud

[16] Suite à son arrestation, et dès le 5 novembre 2017, le prince Al-Wald a vu les actions de la société internationale d’investissements Kingdom Holding Company qu’il possède à 95%, perdre de leur valeur, à la Bourse de Ryad

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