Les Etats-Unis n’attaqueront pas l’Iran.: le 18 juillet 2008
Les Etats-Unis veulent faire savoir très clairement qu’ils n’ont aucune intention d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran, selon Caroline B. Glick.
Le moindre doute résiduel sur la décision de Washington de ne prendre aucune mesure pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires s’est dissipé mercredi 16 juillet 2008 avec la nouvelle de la participation du sous-secrétaire d’Etat William Burns aux négociations sous la conduite du chef de la politique étrangère de l’UE, Javier Solana, avec le négociateur nucléaire de l’Iran Saeed Jalili à Genève samedi dernier.
Que ces négociations finissent par échouer à mettre fin ou même à ralentir la progression de l’Iran vers la capacité de maîtriser des armes nucléaires, c’est une certitude. Avant les pourparlers, le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei a réitéré pour la énième fois que l’Iran n’accepterait aucun compromis sur ses activités d’enrichissement nucléaire. Et jusqu’à présent l’Iran – contrairement à Washington – a tenu parole.
Avec l’absence d’ambiguïté de l’Iran, il existe une seule explication raisonnable à la décision de l’administration d’envoyer Burns rencontrer Jalili : les Etats-Unis veulent faire savoir très clairement à l’Iran et tous les autres qu’ils n’ont absolument aucune intention d’attaquer ses installations nucléaires.
Il est sensé que Washington considère nécessaire de marquer ce point clairement. A la lumière de la menace que l’Iran dotée de l’arme nucléaire constituerait pour les intérêts nationaux de la sécurité des Etats-Unis, il aurait été plus raisonnable de supposer que les Etats-Unis attaqueraient les installations nucléaires de l’Iran de façon préventive, plutôt que de croire qu’ils permettraient à l’Iran d’avancer vers son objectif d’acquisition d’armes nucléaires.
L’Iran dotée de l’arme nucléaire gâcherait les victoires durement acquises de l’armée des Etats-Unis face aux supplétifs de l’Iran en Irak, et le succès de sa tentative de séparation des chefs shiites irakiens d’avec Téhéran. De même, avec le soutien actif croissant de l’Iran aux Talibans, l’acquisition par l’Iran de la maîtrise nucléaire jetterait le doute sur la capacité des Etats-Unis à vaincre la renaissance talibane.
Le bien-être économique des Etats-Unis serait également mis en danger par l’Iran dotée de l’arme nucléaire. Téhéran a de façon répétée menacé d’attaquer les plateformes pétrolières saoudiennes, et de mettre en péril les voies de navigation du pétrole dans le détroit d’Ormuz. Un arsenal nucléaire confèrerait à l’Iran une puissance sans précédent pour dicter la politique de fixation des prix au cartel du pétrole, l’OPEP.
Au-delà de cela, l’Iran dotée de l’arme nucléaire menacerait directement le territoire des Etats-Unis de deux manières. D’abord, il n’y a aucune raison de ne pas penser que l’Iran utiliserait des cellules du Hezbollah aux Etats-Unis pour faire exploser des engins nucléaires dans des villes américaines. L’Iran a déjà démontré sa volonté d’utiliser le Hezbollah pour exécuter des attaques terroristes en Occident – de façon très spectaculaire en 1994, en posant des bombes au centre juif de l’AMIA à Buenos Aires.
Ensuite, on craint beaucoup que l’Iran développe sa capacité de lancer une attaque à pulsion électromagnétique (EMP) contre le territoire continental des Etats-Unis. Une attaque EMP est conduite en lançant une bombe nucléaire dans l’atmosphère au-dessus du pays. Elle ne nécessite pas vraiment de frapper le pays ; uniquement en faisant exploser un engin nucléaire à une altitude suffisamment élevée, une attaque EMP peut détruire les réseaux électriques, les systèmes de communications, et les installations militaro-industrielles d’une société. Une telle attaque aux Etats-Unis ferait reculer le pays d’une centaine d’années.
Les craintes d’une attaque EMP par l’Iran contre les Etats-Unis ont été répandues la semaine dernière suite à un test iranien d’une version avancée de son missile balistique Shihab-3. Le jour du test, William Graham, qui dirige une commission mandatée par le Congrès sur la menace EMP contre les Etats-Unis, a déposé sur la question devant le comité des services armés du Parlement. Graham a expliqué que l’Iran a déjà conduit des tests de lancement de missiles depuis des bateaux dans la Mer Caspienne. Si elle acquiert des armes nucléaires, elle aura apparemment la capacité de lancer une tête nucléaire capable de réaliser une attaque EMP contre les Etats-Unis depuis un cargo faisant route dans les eaux internationales au large de la côte des Etats-Unis.
Alors que chacune de ces menaces devrait suffire à justifier une attaque préventive des Etats-Unis contre les installations nucléaires de l’Iran, ils gardent encore une excuse raisonnable pour ne pas conduire une telle attaque : l’Iran a fait savoir clairement que si elle acquiert des armes nucléaires, les Etats-Unis ne seront pas la première cible de Téhéran. Israël jouit de cette distinction.
Et puisque les Etats-Unis sont la seconde cible de l’Iran, l’administration Bush a fait savoir clairement que si l’Iran attaque Israël, les Etats-Unis lanceront une attaque contre l’Iran. C’est-à-dire que les Etats-Unis se battront pour s’assurer que l’Iran ne sera pas en mesure de les attaquer si l’Amérique passe en tête de la liste des cibles de l’Iran. Mais aussi longtemps qu’ils restent seulement numéro deux, ils ne prendront aucune mesure.
Les Etats-Unis ne peuvent pas être accusés d’être injustes envers Israël en décidant de ne pas empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Après tout, la défense d’Israël est de la responsabilité d’Israël, pas de l’Amérique. Et sur ce point, de nouveaux rapports ces dernières semaines ont rendu clair que même si l’Amérique n’attaquera pas l’Iran, elle a donné le « feu vert » à Israël pour attaquer les installations nucléaires de l’Iran lors d’une attaque préventive. Et ce n’est pas une mince affaire.
La volonté de l’administration Bush de se tenir derrière et d’autoriser Israël à attaquer les installations nucléaires de l’Iran, de manière à prévenir un holocauste nucléaire de l’Etat juif, soutient bien la comparaison avec le traitement d’Israël par l’administration du père du président actuel au cours de la Guerre du Golfe en 1991. A l’époque, Israël était sous la menace d’attaques par des armes chimiques transportées par des missiles Scud. Bien que Saddam Hussein ait fini par ne pas attaquer Israël avec des armes chimiques, la menace qu’il le ferait était réelle. Il attaqua Israël avec des missiles Scud presque chaque nuit pendant la durée de la Guerre du Golfe.
Malgré l’évident “casus belli*”, l’administration du président Bush père refusa non seulement de soutenir politiquement le droit d’Israël à l’autodéfense contre l’agression irakienne, mais elle prit aussi des mesures actives pour empêcher Israël d’attaquer les installations de missiles Scud de l’Irak. Le président George H. W. Bush de l’époque refusa de fournir à Israël les codes électroniques qui auraient permis aux avions de chasse d’Israël et des Etats-Unis de s’identifier mutuellement comme aviations alliées. Ce faisant, il laissa ouverte la perspective que les USA descendent des chasseurs des Forces Aériennes d’Israël au-dessus de l’espace aérien irakien si Israël osait se défendre.
Aussi, soucieux du précédent de son père, la décision du président George W. Bush de laisser la porte largement ouverte à toute attaque préventive israélienne contre l’Iran est un développement positif. Mais une porte ouverte n’est significative que si quelqu’un veut la franchir. Et il est loin d’être clair que le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai ait la moindre intention de la passer.
Pour qu’un gouvernement israélien passe cette porte, ses chefs devraient être investis du sens du destin national et d’un minimum de responsabilité et de compétence. Mais comme l’échange de mercredi de cadavres contre des meurtriers l’a démontré, le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai n’a aucun sens du destin national et aucune compétence pour diriger le pays. Ce que le spectacle de mercredi a montré, c’est que les horizons des « chefs » sont limités à l’espace entre les nouvelles d’hier et les titres de demain.
Mercredi, Israël a reçu les cadavres des otages des soldats de Tsahal, Eldad Regev et Ehud Goldwasser, en échange du meurtrier d’une enfant, Samir Kuntar, de quatre autres terroristes du Hezbollah, et de deux cents cadavres de meurtriers palestiniens et libanais. Avant l’échange, le groupe de défense des victimes du terrorisme ‘Almagor’ a publié les noms des 180 Israéliens assassinés par des terroristes qu’Israël à libérés ces dernières années.
Comme le rapport d’Almagor l’a montré, nombre des terroristes libérés par Israël – tels Saleh Shehadeh, Nasser Abu Hmeid, Abdullah Kawasmeh, et d’autres sont devenus des commandants terroristes de haut rang, responsables de la construction d’une infrastructure terroriste qui a provoqué la mort de centaines d’Israéliens. D’autres, tel Matzab Hashalmon, libéré comme partie de l’échange de terroristes en 2004 – contre le trafiquant de drogue et espion du Hezbollah Elhanan Tenebaum, ont été vite recrutés pour des attentats suicide à la bombe. Hashalmon a assassiné 16 Israéliens quand il fit se fit exploser dans un bus à Beersheva deux mois après sa libération.
Le gouvernement sait avec certitude que l’échange de mercredi conduira directement au meurtre de davantage d’Israéliens, et à l’enlèvement et au meurtre de davantage de soldats de Tsahal. Le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai ne se soucie pas de protéger le public. Il ne se soucie que des titres de demain matin. Et l’échange de mercredi a permis au premier ministre Ehud Olmert, à la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni, au ministre de la défense Ehud Barak, et au ministre de l’industrie et du commerce Eli Yishai de faire des discours où ils ont disserté avec poésie sur la loyauté d’Israël envers ses soldats morts, et d’avoir leurs photos posées tandis qu’ils s’inclinaient sombrement sur les cercueils recouverts du drapeau de Regev et de Goldwasser.
Ils paraissaient si impressionnants sur ces photos qu’il était aisé que le public oublie ce qu’ils venaient de faire. Le public aurait pu facilement manquer le fait que dans leur « décision profondément morale et patriotique » d’échanger Samir Kuntar qui assassina une enfant de quatre ans, Einat Haran, en fracassant son crâne sur un rocher après avoir exécuté son père Danny devant elle, contre des parties des cadavres de Regev et de Goldwasser, ces politiciens signèrent les certificats de décès d’un nombre indicible d’Israéliens. Et s’ils poursuivent dans leur promesse de libérer un millier de terroristes contre l’otage Guilad Shalit, soldat de Tsahal, ils signeront les certificats de décès d’encore plus d’hommes, de femmes et d’enfants israéliens.
La dévotion du gouvernement à son horizon politique des titres d’hier à demain est nourrie par les media locaux. De façon scandaleuse, la couverture des évènements par les media israéliens est si superficielle et dénuée d’esprit que les journalistes expérimentés refusent tout simplement de faire la moindre liaison entre les menaces de demain et les décisions d’aujourd’hui. C’est ainsi que ce cas a été appuyé dans le traitement grotesque des media de l’échange de mercredi de cadavres contre des meurtriers.
Dans les semaines qui ont conduit à la décision du gouvernement d’accepter ce marchandage faustien, les media ont jeté la question comme une affaire personnelle des familles Regev et Goldwasser, et ont totalement ignoré les ramifications de l’accord pour le peuple israélien dans son ensemble. Dans leur description puérile de l’histoire comme une affaire personnelle, les media se sont abaissé à traiter Kuntar comme l’ennemi personnel de la famille Haran, au lieu de le tenir comme l’ennemi du Peuple juif dans son ensemble. En refusant de prendre en compte les répercussions nationales de l’échange, les media ont agi comme si toute l’affaire était un combat entre des familles opposées : les Regev et les Goldwasser d’un côté, et les Haran de l’autre. Israël en tant que nation n’était rien d’autre qu’un passant abstrait, et sans importance.
Suivant le refus des media de couvrir rien d’autre qu’ils ne puissent personnaliser et banaliser, ils sont incapables de rapporter de façon appropriée le danger que le programme nucléaire de l’Iran constitue pour Israël dans l’ensemble. Et puisqu’ils ne se focaliseront pas sur cette réalité fondamentale, le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai ne ressent aucune pression pour faire face au danger. C’est un non-évènement. Et des non-évènements ne produisent pas de stratégie politique.
A côté de cela, bien qu’une frappe réussie contre les installations nucléaires de l’Iran leur gagnerait une influence considérable sur le public, et que l’échec d’une frappe mettrait fin à leur carrière politique, leurs carrières sont la seule chose dont les chefs d’Israël se préoccupent.
Voilà l’état des affaires de l’Etat en Israël aujourd’hui : toutes les portes ouvertes du monde entier n’aideront pas Israël dans ce moment de crise. Deux choses seulement peuvent assurer que les chefs d’Israël prendront des mesures contre l’Iran. Soit quelqu’un viendra avec une solution garantissant le succès – et c’est peu probable ; soit le gouvernement tombe et la nation élit de nouveaux chefs qui comprennent leur responsabilité pour le destin national d’Israël, et sont capables de faire avancer la nation à travers la porte ouverte.
Caroline B. GLICK © Jewish World Review