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Le pouvoir saoudien face aux islamistes : une relation dictée par le contexte régional

.: le 28 juillet 2017

Dans cette publication, Karine Meunier justifie le comportement qu’a la monarchie saoudienne envers les islamistes par les enjeux régionaux.

L’actuel roi saoudien, Salman ben Abdelaziz Al-Saoud, a été dans les années 1980 un des architectes du soutien du régime saoudien au jihad en Afghanistan, en montant notamment le Haut Comité pour la Collecte des Donations pour l’Afghanistan, en 1981. Ce soutien officiel à la lutte armée contre l’Union Soviétique au nom de l’islam peut apparaître contradictoire avec les principes fondateurs de l’Etat saoudien, à savoir la doctrine religieuse wahhabite. Cette doctrine a été à la base de la création-même du futur royaume saoudien en 1744, à travers le pacte conclu entre le prédicateur religieux Mohammed Ibn Abd Al-Wahhab et le leader tribal Mohammed Ibn Saoud. Les termes du pacte distinguaient strictement la norme religieuse wahhabite qui s’appliquerait à la sphère religieuse et dirigerait tous les aspects de la vie personnelle des futurs citoyens, de la realpolitik pragmatique que Mohammed Ibn Saoud exercerait dans les affaires domestiques et extérieures.Toute (aide à une) ingérence militaire dans les affaires domestiques d’un autre Etat ou contre un Etat tiers (en Afghanistan contre l’URSS, ici) serait ainsi une décision politique relative aux affaires étrangères qui relèverait donc de la realpolitik plutôt que d’aucune norme religieuse.

Les raisons pour lesquelles le discours de solidarité avec les autres musulmans (pan-islamisme, un concept exploré plus tard dans l’article) a été celui utilisé pour légitimer cette décision politique sont en grande partie liées au contrôle que l’état saoudien voulait conserver sur sa population et ses mouvements d’opposition islamistes. En effet, la relation entre le régime saoudien et les islamistes (aussi bien ceux souhaitant agir au sein du royaume saoudien que ceux essayant d’avoir une portée plus large que les frontières de l’Arabie Saoudite) a été guidée par une volonté d’auto-préservation du régime. L’islamisme renvoie à la volonté d’utiliser l’Islam comme élément donnant légitimité d’une politique s’appliquant sur toute la société, et dont les éléments constituants sont inspirés de préceptes religieux musulmans.

La chronologie et l’analyse des composants inhérents à la relation entre l’Arabie Saoudite et l’islamisme a déjà été étudiée dans le détail par de nombreux académiciens, en particulier Stéphane Lacroix [1] et Thomas Hegghamer [2]. L’objectif de cet article est d’analyser cette relation à travers le prisme du contexte international, très souvent celui régional, et ainsi de déterminer la mesure dans laquelle les facteurs extérieurs ont influencé l’évolution de cette relation.

L’exemple du jihad afghan encouragé par le prince (de l’époque) Salman illustre la manière dont le contexte international et la politique interne du royaume peuvent être interdépendants lorsque l’on étudie l’islamisme dans le royaume ; mais se définit plus comme une tentative d’influence du royaume saoudien sur les affaires internationales. L’idée ici est donc de renverser la logique et de proposer une analyse de la manière dont les affaires internationales ont fourni au royaume saoudien des opportunités et des raisons de modifier sa relation avec les islamistes sur son sol.

Pour ce faire, une première partie sera dédiée à l’émergence de l’islamisme en Arabie Saoudite au milieu des années 1950 avec les Frères Musulmans et la Sahwa. Une seconde partie analysera comment le jihad afghan et la guerre du Golfe ont été deux facteurs déterminants de l’évolution de la relation entre le régime et les islamistes saoudiens. Une troisième partie se consacrera à l’analyse de l’islamisme en Arabie Saoudite suite à l’implication des États-Unis au Moyen-Orient du début des années 2000 ; tandis qu’une dernière partie introduira les changements provoqués par les contestations dites des « printemps arabes », à la fois sur les Islamistes réformistes en Arabie Saoudite et sur l’attitude saoudienne par rapport aux islamistes armés.

1. La solidarité islamique comme réponse au nationalisme arabe : les premiers mouvements islamistes en Arabie Saoudite.

L’établissement des Frères Musulmans en Arabie Saoudite

L’islamisme en Arabie Saoudite trouve ses origines dans la première vague d’exil des Frères Musulmans égyptiens en 1954, après leur tentative ratée d’assassinat de Gamal Abd Al-Nasser la même année. La répression dont ils ont alors fait l’objet les a chassés vers le royaume saoudien qui représentait alors un refuge pour les islamistes. Les Frères Musulmans syriens sont ensuite venus rejoindre leurs rangs à la fin des années 1950 après la création de la République Arabe Unie en 1958 (qui durera 3 ans) puis après le coup d’état baathiste de 1963 en Syrie. De la même manière, des membres des Frères Musulmans irakiens ont fui leur pays après le coup d’état du Général Qasim en juillet 1958 (Lacroix, 2011). Ce sont ainsi les évolutions domestiques des pays de la région qui ont déclenché la première rencontre entre l’Arabie Saoudite et l’islamisme sur son propre sol, bien que la tension existant entre Nasser et le roi Faysal a surement facilité l’arrivée des Frères Musulmans dans le royaume.

Les Frères Musulmans étrangers, qui étaient de manière générale plus éduqués que les ulémas et l’intelligentsia saoudiens, ont progressivement intégré le système social et scolaire saoudien. Le roi Faysal lui-même encourageait le mouvement de modernité islamique, incarné par les muzaqqaf, les ecclésiastiques de la modernité, à partir du début des années 1970. L’enseignement des Frères se concentrait sur le « développement intellectuel » plutôt que sur la foi en tant que telle qui était le monopole du clergé wahhabite, et ne constituait ainsi pas une menace à l’ordre social établi par la famille royale saoudienne.

Le développement d’un islamisme saoudien et ses dangers pour le système saoudien.

Alors que les Frères Musulmans ne remettaient pas ouvertement en question la doctrine wahhabite, leur existence a provoqué l’apparition d’un contre-mouvement dans la sphère sociale régionale : al-Sahwa al-Islamiyya (« le Réveil Islamique »). Ce mouvement s’est idéologiquement positionné entre les Frères Musulmans et l’ordre wahhabite : ses membres revendiquaient religieusement la tradition wahhabite et l’accent porté contre les musulmans non-wahhabites, les chiites et les soufis, mais ils avaient également un objectif politique inspiré de celui des Frères Musulmans [3]. Leur public visé était celui de la société saoudienne, mais leur discours de condamnation des kuffar (infidèles) ne trouvait pas d’écho dans la population saoudienne. Leur existence était donc plutôt perçue comme celle d’une communauté qui prêchait pour l’application stricte de pratiques religieuses inspirées du wahhabisme et créait dans le même temps un réseau de croyants organisés autour d’activités sociales (camps d’été pour les jeunes par exemple).

En faisant cela, la Sahwa s’était alors constituée en menace directe au système originel saoudien bi-polaire, à travers la promotion d’un nouveau modèle social aux implications politiques. En dépit de leur nouvelle portée assez large dans la population, la Sahwa n’a pourtant pas réussi à déstabiliser la distinction stricte qui existait dans la société saoudienne entre les intellectuels et les ulémas ; préservant donc la distinction entre la sphère sociale/intellectuelle et la sphère religieuse. Une réussite relative a toutefois été la création d’une habitude parmi les citoyens saoudiens de se penser non seulement en tant que citoyens saoudiens avec une foi wahhabite, mais également en tant que musulmans et acteur politique potentiel sur cette seule base : en tant qu’islamiste.

Bien que la Sahwa n’ait pas été « importée » comme les Frères Musulmans, c’est en réaction à ces derniers que la Sahwa s’est constituée. La croissance de l’islamisme sur le sol saoudien était donc une conséquence de la migration des Frères Musulmans sur le territoire saoudien.

Le contexte régional a donc été à l’origine de l’apparition de l’islamisme sur le sol saoudien, et a ensuite été à nouveau la raison du passage à la seconde phase de l’islamisme saoudien, avec l’étape du jihadisme classique et global. De fait, l’invasion soviétique de l’Afghanistan et la lutte défensive menée par les « Arabes Afghans » ont mis en lumière l’accent nationaliste de la Sahwa ; et ainsi son inadéquation en tant que mouvement politique pour apporter une réponse aux causes et revendications musulmanes dans la région.

2. Le jihad afghan et la guerre du Golfe ont redéfini le positionnement des islamistes en Arabie Saoudite.

Le support de l’Arabie Saoudite au jihad afghan et ses conséquences.

Le royaume saoudien a profité de la vocation exclusivement nationaliste de la Sahwa pour se positionner comme le premier fournisseur d’aide aux « frères » musulmans qui menaient un jihad défensif en Afghanistan à partir de 1979. Ce discours fondé sur la notion d’umma (communauté des croyants musulmans) sous-tend le « pan-islamisme » mentionné en introduction : le discours encourageant la solidarité entre musulmans et la lutte armée afin de défendre le territoire musulman et la nation musulmane entière contre les pouvoirs non-musulmans (Hegghamer, 2010). Ce positionnement politique a par ailleurs été facilité par la condamnation qu’a émise la Sahwa concernant le jihad en Afghanistan, puisque les Afghans appartiennent à l’école théologique maturidi qui laisse une part à la raison dans l’interprétation du Coran et qui suit la jurisprudence hanafi, proche du soufisme (Lacroix, 2011).

Le Prince Salman, en particulier, a permis à cette occasion de fournir et d’organiser le soutien aux jihadistes en Afghanistan (à travers l’Organisation Internationale de Secours Islamique notamment), et a fourni un effort particulier pour encourager les saoudiens à s’y rendre (75% du ticket d’avion était offert aux futurs jihadistes). Pour autant, il est intéressant de remarquer que jusqu’en 1984, la plupart des saoudiens qui partaient en Afghanistan étaient des travailleurs humanitaires et des managers plutôt que des combattants.

Le discours officiel et le support matériel que la famille royale saoudienne a mis en place ont fourni l’incitation nécessaire à l’action des Frères Musulmans depuis l’Arabie Saoudite. Ainsi, le Frère palestinien Abdallah Azzam s’est rapidement dissocié publiquement de la Sahwa en se raprochant de la ligne officielle du gouvernement : dans sa fatwa de 1984 « La Défense des Terres Musulmanes » Abdallah Azzam explique que le jihad Afghan était défensif et constituait ainsi un devoir personnel pour tous les musulmans. Cette notion de jihad défensif de la communauté et des terres musulmanes lorsqu’elles sont menacées constitue ce qui a ensuite été théorisé comme le « jihad classique » (Hegghamer, 2010). La même année, il crée le « Bureau des Services » pour faciliter l’organisation logistique du jihad en Afghanistan depuis Peshawar au Pakistan (ville proche de la frontière). Un de ses disciples, Oussama Ben Laden, était chargé en Arabie Saoudite de recruter des candidats au jihad ; mais s’est rapidement installé au Pakistan en 1986 afin d’y ouvrir son propre camp d’entraînement pour les arabes combattant en Afghanistan : la « Tanière des Compagnons » (Lacroix, 2011).

Si le pouvoir saoudien a d’abord toléré cette initiative des islamistes, et a même autorisé la publication de magazines tels que « al-Jihad » ; rapidement les dirigeants saoudiens ont réalisé que Peshawar était en train de devenir un point de convergence pour les islamistes de tous types, y compris les plus révolutionnaires comme Ayman al-Zawahiri, dirigeant du groupe égyptien al-Jihad. L’inquiétude du pouvoir reposait sur l’influence que ce dernier pourrait avoir sur le pan-islamisme saoudien et les jihadistes classiques qui s’inscrivaient dans sa lignée comme Abdallah Azzam. Afin de prévenir ce phénomène, le gouvernement saoudien a alors essayé de forcer Oussama Ben Laden à se dissocier de Zawahiri afin qu’il cesse de lui apporter des fonds, mais Ben Laden a alors fait un choix stratégique majeur en ignorant ces demandes et en rejoignant officiellement le prédicateur égyptien en 1990.

Deux logiques parallèles se sont alors alignées, perçues comme deux menaces graves par le régime saoudien : le jihad en Afghanistan n’était plus seulement une « tâche » ou un « devoir » que les musulmans effectueraient avant de revenir, mais plutôt la base sur laquelle se constituait un réel réseau et une « bulle » sociale, dont les critiques se concentraient de plus en plus sur le régime saoudien. En 1988, Oussama Ben Laden établit secrètement à Peshawar « Al-Qaïda », pour être la colonne vertébrale d’un réseau particulièrement soudé de jihadistes partageant les mêmes valeurs, les mêmes expériences et bénéficiant tous de connexions interpersonnelles créées à Peshawar ou sur le champ de bataille.Le réseau était composé initialement de saoudiens en majorité, mais leur rapprochement avec des groupes islamistes Qutbistes comme al-Jihad (Zawahiri) ou al-Jama’a al-Islamiyya a fait évoluer leur discours vers une priorisation de la lutte contre les régimes arabes, plutôt que du message originel d’Azzam prônant le jihad défensif. L’influence du prédicateur Al-Maqdissi, dont Zawahiri s’était largement inspiré, se reflète notamment dans son ouvrage rédigé à Peshawar en 1989 « Les Preuves Manifestes de l’Impiété de l’Etat Saoudien ». Cet ouvrage est le premier à catégoriser sans équivoque le régime saoudien comme trahissant son héritage wahhabite en intégrant des normes d’origine occidentale dans un système juridique supposé fondé sur la chari’a (Rougier, 2008).

En parallèle de cette nouvelle position de cible pour les jihadistes au Pakistan, le régime saoudien a également dû faire face domestiquement à une opposition croissante de la Sahwa, qui était passée d’une rhétorique anti-séculaire à une rhétorique anti-régime depuis la fin des années 1980. Leurs critiques portaient principalement sur l’association de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis, danger pour la umma, et la pratique de la riba (usure) dans les banques saoudiennes.

La réponse apportée par le gouvernement saoudien a été un précautionneux mélange de mesure coercitives et de régulation, en dénonçant au sein de la Sahwa les oulémas et leurs discours religieux, mais en y soutenant les intellectuels contre les modernistes (Lacroix, 2011).

La guerre du Golfe en 1990 et l’unification de la contestation islamiste saoudienne.

La délicate position que le régime saoudien est parvenu à maintenir à l’égard des islamistes a été grandement mise en danger lorsque la guerre du Golfe a commencé en août 1990. Le roi Fahd a en effet annoncé officiellement demander la protection des États-Unis le 7 août 1990 après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, et a mis à disposition son sol et ses moyens militaires pour contribuer à l’action de la coalition mise alors en place. Il est intéressant, pour comprendre la manière dont cette décision politique a ensuite été interprétée par les jihadistes en Afghanistan, de savoir qu’a priori de cette déclaration du roi Fahd, Oussama Ben Laden avait proposé au roi de lui apporter un soutien militaire afin de protéger le royaume contre les troupes irakiennes (Rougier, 2008).

Cette déclaration du pouvoir saoudien a déclenché l’ire d’une large partie de sa population, au-delà de la traditionnelle opposition de la Sahwa qui était déjà en confrontation ouverte avec le régime. Rejoints par les munasirun (les supporters), composés d’oulémas wahhabites qui étaient davantage dans une logique de dissociation pragmatique de la ligne choisie officiellement que dans une démarche d’adhésion envers la Sahwa, les deux groupes se sont alliés pour demander des réformes. Leurs demandes incluaient notamment un durcissement du champ religieux et sa traduction dans le champ politique par des lois, une démocratie islamique gouvernée par les principes de justice et d’égalité pour tous, une supervision par un conseil indépendant des personnes en charge des affaires publiques, une responsabilisation de ces dernières par rapport au public des citoyens. Chacune de ces demandes étaient rédigées au sein des Lettres de Demande, communiquées au pouvoir saoudien en 1991, puis reprises par les oulémas wahhabites munasirun en 1992 face à la condamnation des premières par le pouvoir saoudien (Lacroix, 2011).

La politique de rejet de toute réforme par le régime saoudien a contribué à unifier contre lui toute l’opposition allant des munasirun wahhabites jusqu’à Oussama Ben Laden, qui a pris un rôle de premier plan dans la perpétuation de cette opposition, en créant en 1994 à Londres le « Comité de Conseil et de Défense des Droits Légitimes ». Cette structure servait à la fois à représenter l’opposition à l’étranger et à continuer à faire vivre les demandes émises en 1991 et 1992.

En parallèle, depuis Khartoum (Soudan) où il s’était retranché, Ben Laden construisait les structures de son organisation et élaborait un discours différent de celui qu’il avait jusque-là suivi : l’ennemi prioritaire était les États-Unis (ÉU) qui devenaient une cible partout dans le monde, en encourageant des attaques de large ampleur. Le jihad classique défensif est donc devenu un jihad global, offensif. De la même manière, les jihadistes se sont servis d’autres islamistes en opposition au régime, le groupe « al-Hadith » [4] pour commettre leurs premières attaques sur le sol saoudien, comme l’attaque menée à Riyad en 1995 [5].

Dans la continuité de ce durcissement idéologique, Oussama Ben Laden a publié deux fatwas majeures en 1996 et 1998, en appelant à la lutte contre les États-Unis. Celle de 1996, Déclaration du Jihad contre les Américains qui Occupent la Terre des Deux Lieux Sacrés, encourage à la guérilla contre les forces américaines en Arabie Saoudite ; tandis que la seconde Front Islamique Mondial pour le Jihad contre les Juifs et les Croisés déclare une guerre totale contre les États-Unis et ses alliés : « tuer des Américains et leurs alliés – civils et militaires – est un devoir individuel pour chaque musulman qui peut l’effectuer dans n’importe quel pays où cela est effectivement possible » (cité dans Lacroix, 2011). L’Arabie Saoudite était donc devenue l’endroit privilégié où mener la lutte contre les « infidèles » occidentaux pour les jihadistes menés par Ben Laden.

L’ambivalence dans le discours d’Oussama Ben Laden, entre jihad global contre les pays occidentaux et volonté de renverser le régime saoudien, héritée de Peshawar, est sujet à débats au sein des chercheurs. Thomas Hegghammer écrit ainsi que la volonté de renverser le régime saoudien était secrète, cachée derrière un discours global de façade, et que le groupe de Ben Laden était donc avant tout révolutionnaire plutôt que pan-islamiste.

3. La présence des États-Unis en Arabie Saoudite et au Moyen-Orient : la raison dont les jihadistes avaient besoin pour prendre le contrôle sur l’opposition islamiste en Arabie Saoudite.

L’évolution de l’opposition islamiste avec le déclin de la Sahwa et l’usage croissant de la présence américaine au Moyen-Orient dans le discours jihadiste.

La féroce répression contre les islamistes, qui a suivie l’attaque de 1995, a laissé un vide dans l’arène sociale de contestation de la doxa saudi-wahhabite, en particulier suite à la mort de trois oulémas salafistes particulièrement respectés (notamment al-Albani, instigateur du mouvement al-hadith) au début des années 2000. Cela a permis l’éclosion de nouveaux mouvements tels que celui formé par d’anciens islamistes qui avaient renoncé à la politique au profit de l’activisme social (la Nouvelle Sahwa), ou bien qui étaient devenus des ‘asraniyyum (des modernistes) et prônaient une ligne islamo-libérale dans la religion.

De manière plus significative, un troisième mouvement est apparu, celui de l’école al-Shu’aybi en refus à « l’occidentalisation » au sein de l’Arabie Saoudite. Leur message principal était le refus de la présence américaine sur leur sol, se faisant ainsi l’échos du message porté par les jihadistes, et la défense des Talibans en Afghanistan afin de faciliter ensuite la reconnaissance et l’acceptation d’Al-Qaïda par ces derniers [6]. La proximité affichée avec le discours jihadiste leur a valu la qualification de « néojihadistes », bien qu’ils aient une vocation à réguler les affaires domestiques du royaume saoudien et s’appuient sur des justifications wahhabites pour légitimer leurs propositions, ainsi que leur encouragement au jihad global. La menace que représentait les néojihadistes s’est concrétisée en 1998 avec le « complot des missiles » : un groupe de militants s’est fait arrêter avec des missiles antitank Sagger, probablement dans le but de les utiliser contre le consulat américain à Djeddah.

C’est sur la base de ce complot que le gouvernement saoudien a alors décidé de lancer une campagne d’arrestations contre les jihadistes d’une ampleur significative, tout en augmentant la pression diplomatique mise aux Talibans afin qu’ils extradent Oussama Ben Laden qui avait coordonné cette attaque. Face à l’échec de cette tentative de terrorisme et aux conséquences importantes que la réponse saoudienne a eu sur les réseaux de jihadistes, Ben Laden a alors commencé à perfectionner sa stratégie d’attaques et attendu qu’un ensemble d’éléments issus du contexte international lui permette de refaire surface et de se confronter ouvertement au gouvernement saoudien.

L’ingérence occidentale au Moyen-Orient et la croissance conséquente de la menace jihadiste globale.

2001 a été un tournant dans l’histoire de l’islamisme, à trois niveaux : à l’échelle globale les attaques du 11 septembre et l’onde de choc mondiale qu’elles ont propagé, à l’échelle régionale avec les interventions en Afghanistan puis en Irak en réaction à ces attaques ; puis à l’échelle jihadiste puisque les deux éléments précédents ont constitué des opportunités et un public pour que leur discours soit affirmé, entendu et propagé.

Les attaques de septembre 2001 sur le World Trade Center et le Pentagone s’inscrivaient bien entendu dans le discours anti-américanisme porté par les jihadistes, les néo-jihadistes et bon nombre de mouvements islamistes en Arabie Saoudite notamment ; mais l’ampleur massive de l’attaque et des morts était nouvelle. En même temps que cela propageait la terreur et la prise de conscience de l’existence d’Al-Qaïda dans le monde, cela a également fourni au groupe terroriste une audience sans précédent au sein-même de l’Arabie Saoudite.

Depuis le début des années 2000, Oussama Ben Laden avait délégué la construction de son réseau au sein de la « terre des deux lieux saints » à Youssouf al-Uyayri, vétéran du jihad afghan. Jusqu’à sa mort en 2003, al-Uyayri a presque entièrement construit la future organisation AQPA, Al-Qaïda en Péninsule Arabique (créée en 2003), grâce à un méticuleux travail de renseignement et de propagande (création du Centre pour la Recherche et les Etudes Islamiques, du site al-Nida), ainsi que de prise de contact avec des cellules et individus impliqués dans le jihadisme.

Les attaques du 11 septembre 2001 et l’invasion conséquente de l’Afghanistan ont nourri le discours des néojihadistes pour crédibiliser leurs objectifs et leur lutte ; tout en dénonçant l’attitude ambigüe qu’a eue l’Arabie Saoudite en 2002 lorsque les États-Unis ont menacé d’envahir l’Irak. En effet, bien que demeurant officiellement neutre et refusant ainsi à l’armée américaine l’accès au territoire saoudien pour projeter des forces, l’Arabie Saoudite avait un intérêt clair dans le renversement de Saddam Hussein et pouvait par la même occasion porter un coup à son opposition islamiste. La répression à leur égard connaissait alors un nouveau pic après la découverte au printemps et à l’été 2002 de plusieurs tentatives d’attaques contre les intérêts du royaume saoudien.

Le réseau AQPA n’étant pas encore constitué, il s’agissait de groupes d’individus indépendants les uns des autres qui contribuaient à l’escalade de la violence contre le régime saoudien. La spirale de violence-répression a pris une ampleur significative à partir de « l’incident de l’Iftah » le 2 novembre 2002 [7] et quelques jours plus tard le tir de la police saoudienne sur un militant islamiste qui avait tiré sur un policier, avant que toute la cellule de ce militant parvienne à échapper à la police saoudienne (Hegghamer, 2010).

Ce n’est qu’en mai 2003 que le réseau monté par al-Uyayri pour le compte de Ben Laden a commis sa première attaque sur le territoire saoudien, contre des habitations d’occidentaux à Riyad. La lutte ouverte de la famille royale saoudienne contre les jihadistes a alors pris une dimension bien plus importante dans les deux années qui ont suivi, comprenant qu’elle était face à un réseau organisé, disposant de moyens logistiques et humains, et potentiellement résistant.

La mobilisation majeure de moyens pour combattre ce réseau (qui ne s’appelait pas encore AQPA), et le jihadisme plus largement, illustre le fait que cela était devenu la première priorité du régime. Avant-même la fin du mois de novembre 2002, les services de renseignement et de sécurité saoudiens avait localisé et tué 26 militants, dont al-Uyayri et son bras droit Turki al-Dandani, qui avait mené les attaques. La réorganisation du réseau a duré jusqu’en novembre 2003 lorsque le nom d’Al-Qaïda en Péninsule Arabique a été officiellement adopté par le réseau, lequel a mené dans le même temps les attaques consistant en l’attaque par deux véhicules chargés d’explosifs du compound résidentiel de Muhayya faisant 17 morts et 120 blessés. A partir de 2003, AQPA ne visait plus uniquement la présence américaine en Arabie Saoudite mais également les autorités saoudiennes ; malgré le fait qu’ils dissimulaient ces dernières attaques en les attribuant à un groupe militant inconnu des autorités, appelé Les Birgades Haramain, afin de ne pas se mettre à dos l’opinion publique saoudienne.

L’ampleur des ressources dédiées à la lutte contre ce groupe a permis un ralentissement du tempo des attaques terroristes en 2004, puis le rétablissement d’un niveau de violence résiduel en 2005 malgré l’empêchement régulier d’une ou deux attaques majeures sur le territoire chaque année (Knights, 2008).

Affirmer que la continuité des actions de AQPA dans et contre le royaume saoudien est en corrélation exclusive avec l’intervention occidentale au Moyen-Orient reviendrait à ignorer les logiques internes qui défini la lutte islamiste/saoudienne depuis. Jusqu’aux « printemps arabes » AQPA a travaillé à accroître son impact symbolique via l’élaboration plus poussée de ses attaques en fonction de leur impact [8] ; en dépit d’efforts saoudiens pour tarir ses sources de financement. Les efforts saoudiens de contre-terrorisme ont été évalués à approximativement 8,5 milliards de dollars en 2004 et ont augmenté jusqu’à 12 milliards quatre ans plus tard, mais leur stratégie de « smart » contre-terrorisme a essentiellement consisté à coupler ces mesures « dures » de sécurité avec des mesures « soft » de normalisation de la situation pour garder les islamistes de l’opposition sous contrôle : le ciblage des ressources du groupe d’AQPA et non de tous les groupes influencés par AQPA, la création de « stratégie de sortie » [9] pour les militants le souhaitant, et une campagne de propagande pour soutenir ces dispositifs. Cette propagande les décrivait comme des rebelles révolutionnaires perdus idéologiquement qui cherchaient à tuer des musulmans, ce qui est exactement ce qu’Al-Qaïda a essayé d’éviter en revendiquant le discours pan-islamiste, afin de ne pas incarner le tabou qu’est la rébellion civile dans la culture politique saoudienne (Hegghamer, 2010).

La dimension « projetée » de la menace terroriste sur le territoire saoudien a toutefois été reconnue comme sérieuse par les autorités saoudiennes, en raison de la large implication des saoudiens dans l’insurrection menée par Al-Qaïda en Irak. Les citoyens saoudiens constituaient en effet le contingent étranger présent sur le terrain le plus important (41% des 606 combattants identifiés en 2008) et une part considérable revenait en vie en Arabie Saoudite (Knights, 2008). Ces « vétérans » représentaient alors une menace concrète et sérieuse, au même titre que l’étaient le millier de saoudiens revenus d’Afghanistan après l’effondrement du régime Taliban en 2002 ; malgré la distinction qui était opérée dans ces cercles jihadistes entre le « jihad défensif » ou classique tel que mené par Abdallah Azzam en Afghanistan, qui cette fois se déroulait en Irak, et d’autre part la volonté d’attaquer le régime saoudien sur son sol, non corrélée au jihad défensif.

De facto, la stratégie de répression et de prévention du régime saoudien était relativement efficace et a eu des retombées sécuritaires positives à partir de 2005, mais ne prenait pas en compte la dimension yéménite de la menace que représente AQPA. Oussama Ben Laden lui-même a des ancêtres yéménites, et le recrutement pour AQPA a toujours inclus des combattants saoudiens aux origines yéménites ; ce qui explique le déploiement de l’organisation au Yémen, terreau fertile pour la constitution de cellules, à partir de 2006-2007. Le Yémen était un terreau fertile pour le redéploiement d’AQPA en ce que l’attitude du gouvernement n’était alors pas frontalement hostile au réseau terroriste. Dans les faits, AQPA a d’abord épargné à la fois le Président yéménite et les forces gouvernementales, en se servant du Yémen comme d’une base arrière à partir de laquelle planifier les futures attaques. Le Président Ali Abdoullah Saleh pour sa part est même allé jusqu’à utiliser AQPA pour assister les forces de sécurité nationales dans les opérations contre les rebelles Houthis, menant AQPA à appeler à la lutte contre les chiites (Gendron, 2010).

4. L’impact des « printemps arabes » sur la relation entre l’Arabie saoudite et l’islamisme

A l’aube des soulèvements dits « printemps arabes » à travers le Maghreb et le Moyen-Orient, la scène islamiste en Arabie Saoudite était donc polarisée. Il existait d’une part les islamo-libéraux demandant pacifiquement une réforme du régime – les jama’at de la Sahwa (au sein de laquelle existaient donc les deux tendances, des Frères Musulmans et des Sururis) ; et d’autre part les jihadistes clandestins qui travaillaient à reconstruire leurs propres réseaux.

Les révoltes tunisiennes et égyptiennes ont réussi à réunir des activistes non-islamistes demandant des réformes, et les réformistes constitutionnels islamistes libéraux, qui ont ainsi gagné une nouvelle audience. Cette alliance a fait long feu mais a fourni une base de contestation utile en Arabie Saoudite, illustrée par la création du premier parti politique, « حزب الأمة الإسلامي » (qui pourrait être traduit comme « le parti de la nation islamique ») en mars 2011. Très rapidement les instigateurs de ce parti ont été arrêtés et le parti réduit à néant, mais leurs demandes avaient toutefois été formalisées dans une pétition appelée Vers un Etat de Droits et d’Institutions, signée par presque l’ensemble de l’opposition pour réclamer un Parlement élu, et un Premier ministre indépendant qui serait responsable devant le Parlement (Lacroix, 2014). La répression dont ont fait l’objet les chefs du mouvement de contestation s’est accompagnée, selon le « mélange répressif » habituel saoudien, d’un budget de 37 milliards de dollars pour aider les plus pauvres et ainsi réduire au silence une partie de la population révoltée.

La confrontation directe entre les volontés du régime saoudien et des islamistes s’est toutefois concrétisée avec le début du soulèvement syrien, qui a déclenché un mouvement important de soutien financier émanant de cheikhs saoudiens à destination des insurgés, y compris des mouvements islamistes. Le régime saoudien a d’abord tenté de canaliser ce flux en interdisant toute donation faite hors des systèmes officiels qui réunissaient les dons financiers pour les envoyer à des groupes salafistes quiétistes, mais cela n’a pas empêché les individus saoudiens le souhaitant d’envoyer de l’argent aux islamistes en Syrie.

Cette provocation faite au régime saoudien s’est doublée dans les années suivantes par l’accession au pouvoir des islamistes dans les pays au sein desquels des élections ont été organisées suite aux soulèvements. La réaction du pouvoir saoudien a alors été de soutenir, quels qu’en soient les coûts, tout régime différent des Frères Musulmans, afin de préserver le statu quo et d’empêcher la naissance d’une vague islamiste autour de son territoire.

Cette stratégie étatique explique à la fois le soutien saoudien au coup du général al-Sissi en juillet 2013 puis l’alliance qui s’est établie entre eux ; et le fait que dès décembre 2013 l’organisation des Frères Musulmans fut déclarée « terroriste » par le régime saoudien. Dans la même logique, deux mois plus tard en février 2014, le régime a officiellement annoncé qu’apporter un soutien à une des « organisations terroristes » exposerait à des peines de prison systématiques.

A nouveau, le contexte international a provoqué un changement de posture du régime saoudien vis-à-vis des islamistes en décembre 2015, non seulement sur son sol mais également à l’international ; avec le rapprochement occidentalo-iranien, et la montée en puissance de ce dernier pays. Ce faisant, l’Iran est devenue la nouvelle menace prioritaire aux yeux du régime, remplaçant ainsi la menace islamiste. Afin d’atténuer et de contrer l’influence iranienne dans la région, notamment à travers son implication dans les conflits régionaux, l’Arabie Saoudite a décidé d’atténuer sa politique de répression et d’exclusion des islamistes dans les différents théâtres.

En miroir, les actions et la volonté annoncée des groupes jihadistes concernant l’Arabie Saoudite créé également de nouvelles menaces projetées sur son territoire pour le royaume. A la menace « traditionnelle » d’Al -Qaïda s’ajoute désormais celle du groupe Daech qui a proclamé la création des wilayas du Hedjaz et du Najd sur le territoire saoudien. Une troisième, la wilaya du Bahreïn, a, comme son nom l’indique, des ambitions hors du pays. Ces trois entités, qui ne sont que le nom de cellules terroristes, sont impliquées dans des attentats contre des officiels, dans les grands centres urbains, et contre la communauté chiite dans la province Orientale. L’Arabie Saoudite a notamment été frappée par des attentats à fort retentissement médiatique. Un aspect déterminant de la menace, pour le royaume saoudien comme pour tous les pays d’origine des foreign fighters qui ont rejoint les rangs de Daech, est le retour précisément de ces nationaux partis se battre en Syrie et en Irak. L’Arabie Saoudite a fourni le deuxième plus gros contingent de foreign fighters après la Tunisie, puisqu’environ 2500 saoudiens ont été identifiés dans ce cadre [10].

Confronté ainsi à la perception d’une double menace, iranienne et jihadiste, le régime saoudien mène une politique offensive sur les deux fronts. Sur le front iranien, l’Arabie Saoudite a amorcé trois mouvements tactiques. Le premier mouvement, amorcé par le régime a été de se rapprocher du Hamas qui recevait un soutien iranien tout en espérant en recevoir un saoudien. Le second a été, de manière plus importante stratégiquement, de redéfinir la nature de ses alliés proches en Syrie, en se rapprochant de groupes islamistes qui étaient à-même de se battre contre le régime syrien soutenue par l’Iran et les milices proches de l’Iran sur le terrain [11]. Enfin, l’Arabie Saoudite a lancé l’opération militaire « Tempête Décisive » au Yémen contre les rebelles Houthis [12] en mars 2015 (à laquelle a succédé l’opération « Restaurer l’espoir »). Cette campagne contre les rebelles chiites très indirectement liés à l’Iran s’est faite, de manière significative, au prix d’un soutien aux Frères Musulmans yéménites, à travers le parti Al-Islah.

Sur le front jihadiste, cette menace est assimilée, dans la politique de répression et d’exclusion menée par le régime saoudien, à la menace islamiste plus large. Tout mouvement islamiste est considéré comme une menace à l’hégémonie saoudienne régionale et à la préservation de ce statu quo ; cette menace s’étant accrue avec les printemps arabes comme nous l’avons noté précédemment.

Le rejet des deux dangers, la montée en puissance iranienne et celle des islamistes, s’est concrétisé plus récemment dans une décision « inédite » de l’Arabie Saoudite : la mise au ban du Qatar. Cette exclusion, qui dénonce le soutien – effectif – fourni par le Qatar aux mouvements islamistes, s’inscrit dans le cadre plus large d’une « guerre froide » qui couvait depuis plusieurs années entre l’Arabie Saoudite, appuyée en particulier par les Émirats Arabes Unis (EAU), et son voisin qatari. L’escalade des tensions est avant tout liée à la politique qatarie de « patronage » des mouvements islamistes dans la région, et de coopération avec des États tels que la Turquie ou l’Iran (ainsi qu’avec ses alliés proches paraétatiques). La « guerre froide » s’est finalement concrétisée avec la révélation au grand jour [13] des intentions hostiles du Qatar relatives à l’Arabie Saoudite ; qui a alors fermé toute représentation diplomatique au Qatar, suivie par les ÉAU et Bahreïn. Cette crise de huit mois s’est achevée avec la signature par le Qatar de l’ « Accord de Riyadh » dans lequel il s’engageait à cesser toute politique révisionniste de l’ordre établi dans la région ; ce qui évidemment n’a pas été le cas ensuite. La décision récente de l’Arabie Saoudite d’exclure ainsi à nouveau le Qatar des instances de décision et de consensus politique constitue donc un coup de force, pour le forcer à ne plus agir contre les intérêts saoudiens avec son agenda révisionniste dans la zone d’influence saoudienne (Almarzoqi, 2017).

Karine MEUNIER © Académie de Géopolitique de Paris (France)

Karine Meunier est diplômée du Master International Security de Sciences Po Paris et a choisi de se spécialiser sur le Moyen-Orient.

Notes

[1] Awakening Islam : the politics of religious dissent in contemporary Saudi Arabia, 2011.

[2] Jihad in Saudi Arabia, 2010.

[3] Au sein de la mouvance des Frères Musulmans, la « ligne Qutbiste » inspirée de l’idéologue égyptien Sayid Qutb, qui appelait à la révolution contre les régimes impies, était la plus populaire parmi les Sahwistes. Cette ligne était celle des « Sururis », par opposition à la ligne traditionnelle des Frères Musulmans, dans la lignée d’Hassan al-Banna, le créateur des Frères Musulmans.

[4] Un groupe d’étudiants du cheikh al-Albani a créé le mouvement « ahl al-hadith » (les gens du hadith) afin de régénérer le wahhabisme, corrompu par l’influence des Frères Musulmans. Leur doctrine priorise la parole prophétique, les milliers de hadith prêtés à Mohammed ou à ses compagnons, sur le texte coranique en tant que tel.

[5] Explosion d’une voiture piégée près d’un bâtiment utilisé par les Américains pour entraîner des hommes de la Garde nationale saoudienne. 5 morts américains, 2 morts indiens.

[6] Chassé du Soudan suite aux pressions américaines, Ben Laden était accueilli par les Talibans en Afghanistan en dépit d’une relation difficile avec leur dirigeant, Mollah Omar.

[7] L’incident de l’Iftah renvoie à la tentative par 100 jeunes islamistes de rencontrer le Grand Mufti pour le confronter à leurs questions, ce que 50 d’entre eux ont réussi à faire avant que presque la totalité du groupe soit arrêtée.

[8] L’attaque contre le site de raffinage de pétrole à Abqaïq en 2006 commise par « l’escadron Oussama Ben Laden » a provoqué des ondes de choc sur le marché mondial du pétrole.

[9] Le régime a ainsi publiquement diffusé un ultimatum à la télévision, donnant un mois aux terroristes pour se rendre aux forces gouvernementales et recevoir « la loi de Dieu » en étant garantis d’éviter la peine de mort ; sans quoi ils seraient chassés, capturés et exécutés (Gendron, 2010).

[10] Chiffres utilisés en avril 2017, voir bibliographie (Bramer).

[11] Les milices irakiennes forment la majorité du contingent des milices pro-iraniennes présentent sur le sol syrien. Leur effectif était de plus de 5000 hommes en 2013 et a par la suite considérablement augmenté suite à la fatwa du Grand Ayatollah Kazim al-Haeri (mentor de Muqtada al Sadr, imam irakien chiite) autorisant et encourageant le jihad en Syrie. La part des combattants afghans dans les milices pro-iraniennes a progressivement augmenté, jusqu’à être suffisante pour former leur propre contingent appelé la Fatemiyoun Brigade. Ces combattants afghans sont en grande partie des réfugiés en Iran.

[12] Qui sont Zaydis, une branche mineure du chiisme, différente de l’islam duodécimain iranien.

[13] Fuite dans la sphère publique d’enregistrements d’un supposé entretien entre Kadhafi et des chefs qataris en 2014.

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