ACCUEIL
ORGANISATION
COMMUNIQUES
RAPPORTS
ANALYSES
EVENEMENTS
REACTIONS
CONTACT
 
NEWSLETTER
Analyses

La coordination israélo-égyptienne fonctionne mais est insuffisante

.: le 8 juillet 2015

Smadar Perry, journaliste israélienne revient pour le site Ynet, revient ici de manière pragmatique sur la façon dont le raïs Abdelfattah al-Sissi gère son pays, en prônant malgré les atteintes aux droits de l’homme, un nécessaire renforcement dans la lutte contre les mouvements islamistes dans le Sinaï entre l’Egypte et Israël.

Il existe deux interprétations de l’image et de la conduite du général Israël peut-il compter uniquement sur l’Egypte pour lutter contre le triangle terroriste à sa frontière ?

Abdel Fattah al-Sissi, le président égyptien : il peut être vu soit comme un dictateur nerveux qui s’empare de la loi, fait taire la population, jette ses rivaux en prison et condamne à mort par de simples mots, soit un leader patriotique venu tourner la page, stabiliser la situation sécuritaire, trouver des solutions économiques et rétablir la confiance du monde en ce pays de quelque 100 millions d’habitants. Une chose est sûre : il n’est pas à envier.

L’assassinat la semaine dernière du haut procureur égyptien Hisham Barakat, a envoyé un signal menaçant au pouvoir. Al-Sissi a toutefois tenu à faire le déplacement en personne à l’enterrement de Barakat - un casse-tête pour ses gardes du corps. Samedi, il s’est rendu en uniforme militaire dans le Sinaï pour remonter le moral de ses troupes.

Son message est clair et ferme : ceux qui ont été condamnés à la peine de mort pour leur implication dans des attaques terroristes n’échapperont pas à la sentence. Les caméras ont eu un aperçu du président déchu Mohamed Morsi, dans sa cage, avec l’inscription "nous l’avons massacré" dans le cou. Qui a besoin d’une preuve supplémentaire de l’implication des Frères musulmans dans le tsunami égyptien actuel ?

Contrairement au président américain Barack Obama, Israël se moque de l’état de la démocratie et des droits de l’homme en Égypte. Israël veut un raïs fort. Après tout, les ennemis d’al-Sissi sont nos ennemis. Au cours du week-end, nous avons entendu le même mantra au Caire et à Tel Aviv : l’aile militaire du Hamas fait pression pour inciter à la radicalisation envers Israël et l’Egypte.

Le coordinateur des activités du gouvernement israélien dans les Territoires, le major-général Yoav Mordechai, a choisi de se quereller avec une présentatrice d’Al-Jazeera afin de relayer le message suivant : Israël sait que l’aile militaire du Hamas fait passer des meurtriers, des armes et des entraîneurs au combat dans le Sinaï. Au Caire, dans le même temps, une source militaire a lancé des accusations similaires en direct : ce n’est pas l’État islamique, mais le Hamas qui veut faire basculer l’Egypte.

La conclusion immédiate est que la coordination entre le quartier général Mukhabarat au Caire et la Kirya (QG de l’armée) à Tel Aviv fonctionne à plein régime. Personne ne parle de l’étendue de la coopération avec l’Egypte.

Une chose est claire : Israël ne peut se permettre d’avoir le triangle de la terreur - la nouvelle branche locale de l’EI, les "volontaires" des Frères musulmans et les infiltrés de Gaza - à ses portes. Les capacités destructrices de ce triangle ont déjà été démontrées, par l’attaque simultanée de 19 centres des forces de sécurité ou par les tirs de missiles dans le Sinaï.

Et ce constat alarmant conduit à la problématique suivante : combien de temps pouvons-nous compter uniquement sur l’Egypte ? Le Premier ministre égyptien est disposé à admettre qu’il y a une "vraie guerre" qui se déroule dans le Sinaï.

Les responsables israéliens disent que l’armée égyptienne peut faire beaucoup plus. L’Égypte doit choisir quel ennemi sera le plus commode à affronter : les gangs terroristes infiltrés, venus de Libye ou les branches militaires des Frères musulmans et du Hamas.

Dans l’intervalle, cette vague d’attentats a entravé les premières célébrations de l’anniversaire de la présidence d’al-Sissi. Les Frères musulmans, dans leurs derrière les barreaux, n’hésitent pas à se vanter que "le dernier mot n’a pas encore été dit," et Le Caire se prépare à déjouer la prochaine attaque terroriste.

Le prochain test majeur pour al-Sisi aura lieu le mois prochain, avec une longue série de cérémonies prévues et de nombreuses personnalités invitées - si celles-ci font quand même le déplacement - à l’occasion de l’inauguration du nouveau canal de Suez. Des dizaines de milliers de nouveaux emplois seront créés. La date, le lieu et les cibles sont connues des ailes militaires et gangs terroristes, qui feront tout pour saboter l’événement.

Smadar PERRY © Ynet (Israël)

Smadar Perry est journaliste au Yedioth Ahronoth.

Anglais Français Arabe Persan Turc Hébreu Kurde