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Analyses

Khartoum frappé par le syndrome irakien

.: le 26 mars 2009

Le régime d’Omar El-Béchir ne se rend pas compte qu’il est proche du gouffre et qu’il pourrait bien connaître le même sort que celui de Saddam Hussein.

Le président soudanais Omar El-Béchir est en train de préparer une tragédie qui ressemblera peut-être à celle que nous avait jouée Saddam Hussein. Il ne peut s’empêcher de s’approcher toujours plus du gouffre. Certes, il paraît moins isolé au niveau arabe et régional [que Saddam Hussein à l’époque de sa chute en 2003], parce qu’il n’a pas envahi de pays arabe. Mais il n’en reste pas moins qu’il est accusé de crimes de guerre et qu’il a laissé dégénérer un conflit tribalo-économique en conflit ethno-politique.

Certaines grandes puissances le poussent à s’entêter, mais il aurait tort de se fier trop à la Chine et à la Russie. Ces deux pays ont mis des bâtons dans les roues du Conseil de sécurité qui voulait adopter une résolution condamnant le renvoi des organisations d’aide au Darfour. Mais ils avaient également contribué à soumettre la question du Darfour au Tribunal pénal international.

Omar El-Béchir peut se sentir encouragé par la sympathie des populations arabes, qui estiment que la justice internationale pratique le deux poids deux mesures. Mais Saddam Hussein avait bénéficié de la même sympathie, et cela ne lui a servi à rien. Certes, la position de la Cour pénale internationale peut paraître scandaleuse après le massacre de Gaza, mais cela n’autorise pas Omar El-Béchir à mener le Soudan à sa perte. Le régime soudanais a raté l’occasion de régler la crise du Darfour en temps et en heure. Si le président soudanais avait pris au sérieux le plan présenté en juillet 2008 par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Al-Moussa, la crise n’aurait pas pris les dimensions qu’elle a aujourd’hui. Ce plan est toujours d’actualité, bien que la situation se soit considérablement compliquée depuis le moment de son élaboration. Les Arabes pourraient encore contribuer à une solution, si et seulement s’ils veulent bien se montrer responsables.

Omar El-Béchir choisira probablement l’escalade avec l’Occident, et l’on ira progressivement vers une nouvelle catastrophe pour le monde arabe. On a pu en voir les prémisses quand la représentante des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice, a évoqué une zone d’exclusion aérienne au-dessus du Darfour et a demandé l’élaboration d’un programme Pétrole contre nourriture. On est peut-être beaucoup plus proche d’un scénario à l’irakienne que beaucoup d’Arabes ne le pensent. Quand le président insulte les Américains mieux que Saddam Hussein ne l’avait jamais fait, cela n’est pas fait pour arranger les choses. S’il persiste dans cette voie, le Soudan connaîtra un sort pire que celui de l’Irak. Car les facteurs de division y sont encore plus importants, il serait plus difficile encore d’y rétablir l’ordre et les répercussions sur les voisins, notamment l’Egypte. Les Arabes devraient méditer cela. Au lieu de chercher à entraver l’action de la Cour pénale internationale, ils devraient essayer de faire pression sur Khartoum pour l’amener à infléchir sa position.

Wahid ABDELMEGUID © Al Hayat (Royaume Uni)

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