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Analyses

Iran-Israël, chronique d’une catastrophe annoncée

.: le 18 août 2012

Dans cet article issu du journal Le Point, Mireille Duteil analyse la possibilité d’une guerre Iran-Israël.

La guerre Iran-Israël est-elle imminente ? Les responsables israéliens n’ont jamais caché qu’ils interviendraient lorsqu’ils auront la certitude que la République islamique a la capacité de construire une bombe atomique. On peut certes douter qu’Israël se lance dans cette aventure sans le feu vert - et le soutien militaire - de Washington. Un récent sondage montrait que 61 % des Israéliens y sont opposés et 56 % d’entre eux doutent que le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’y risque. Mais tout se passe comme si les trois acteurs de la prochaine tragédie (Iran, Israël, États-Unis) la savaient inéluctable.

L’Iran d’abord. Les responsables iraniens semblent convaincus qu’Israël finira par intervenir en dépit des négociations diplomatiques en cours avec les grandes puissances. Ils s’y préparent, sécurisent les sites - certains sont enterrés, comme à Fordo, près de Téhéran - et multiplient, depuis un an, les manoeuvres militaires terrestres et navales pour préparer une riposte à une attaque et probablement tenter de dissuader les Israéliens d’intervenir. Début juillet, ils ont testé des missiles Shehab-3 d’une portée de 2 000 kilomètres, pouvant donc atteindre l’État hébreu. Puis le 27 juillet, l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême, a convoqué les hauts responsables militaires (armée et Gardiens de la révolution, chef de la brigade Al Qods, ministre de la Défense) pour ce qu’il a appelé "leur dernier conseil de guerre". "Nous entrerons en guerre dans les prochaines semaines", leur a-t-il déclaré, demandant à chacun d’exposer le niveau de préparation dans son secteur pour répondre à l’urgence de la situation.

Israël ensuite. Le "buzz" médiatique de ces deux dernières semaines fait douter de l’imminence d’une attaque. Elle ne sera pas annoncée à l’avance, mais les déclarations de Benyamin Netanyahou et d’Ehoud Barak, le ministre de la Défense, indiquant que leur décision était prise visaient à préparer la population à son éventualité. La guerre pourrait durer 30 jours et il n’y aurait "que 300 morts", annonçait un haut responsable ; "500 morts", répliquait Ehoud Barack, tandis que la population recevait des SMS pour la préparer à la riposte iranienne. Des masques à gaz ont commencé à être distribués, mais on estime qu’en décembre prochain 58 % seulement des Israéliens en seront dotés. Plus important, l’État hébreu se protège. C’est en 2008 qu’il a reçu de la part des États-Unis un radar puissant installé dans le Néguev et censé servir d’alerte en cas de lancements de missiles iraniens.

Les États-Unis enfin. Pas question pour Washington de se lancer dans une nouvelle aventure militaire à la veille des élections. Leon Panetta, le chef du Pentagone, et Hillary Clinton sont venus le répéter à Benyamin Netanyahou au début du mois d’août. Le Premier ministre israélien et Barack Obama entretiennent des relations exécrables et Washington craint que Netanyahou ne se lance seul dans l’aventure, mettant les États-Unis devant le fait accompli et les obligeant à le suivre. Parallèlement, les États-Unis se renforcent militairement au Moyen-Orient. Fin juillet, ils ont dévoilé un nouveau missile anti-bunker qui peut pénétrer 18 mètres de béton. Ils ont aussi entamé la construction au Qatar, sur un site tenu secret, d’un radar similaire à ceux installés l’un dans le Neguev, l’autre en Turquie. Ces radars seront couplés avec des intercepteurs embarqués à bord de bateaux américains en Méditerranée orientale. Reste à croire à l’adage "qui veut la paix prépare la guerre".

Mireille DUTEIL © Le Point (France)

Mireille Duteil est rédactrice en chef adjointe du service Monde. Elle couvre l’actualité de l’Afrique, du monde arabe et iranien.

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