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Analyses

Cinq clés pour expliquer les avancées des jihadistes en Irak

.: le 13 août 2014

Cette analyse, publiée par le site L’Orient Le Jour, explique l’avancée rapide et inquiétante du groupe terroriste Etat Islamique.

Les jihadistes de l’État islamique (EI) ne sont pas aussi nombreux que le laissent penser l’ampleur et la rapidité de leurs conquêtes dans le nord de l’Irak, estiment des experts, qui identifient cinq facteurs pouvant expliquer leur avancée fulgurante.

Des armes récemment acquises

L’EI dispose de chars, humvees, missiles et autres armements lourds pris à ses ennemis lors de son offensive. Ce matériel, souvent de fabrication américaine et notamment abandonné par l’armée irakienne lors de son retrait face aux insurgés aux premiers jours de leur offensive, a transformé les capacités militaires de l’EI. « Ils ont engrangé des quantités significatives d’équipements dont ils avaient le plus besoin », selon Anthony Cordesman, du Centre pour les études stratégiques et internationales de Washington. L’aviation américaine sera probablement plus apte à détruire cet équipement que les vieux Sukhoi de l’armée irakienne.

L’expérience syrienne

Si le groupe est né en Irak en 2004 sous un autre nom, c’est son implication dans le conflit syrien qui lui a permis de devenir ce qu’il est aujourd’hui. Les combats en Syrie « ont offert à l’EI un entraînement et des opportunités d’apprentissage hors pair », souligne le groupe américain Soufan, spécialisé dans le renseignement. Ils utilisent des tactiques de combat « auxquelles les Irakiens ne sont pas habitués », estime Anthony Cordesman. Ces jihadistes, présents depuis 2013 en Syrie, où ils combattent le régime mais aussi les rebelles, se sont taillé une réputation de groupe sanguinaire, avec des combattants qui ne craignent pas de mourir au combat.

Des batailles bien choisies

Pour ses combats, l’EI privilégie les zones sunnites où il peut trouver des soutiens, des infrastructures stratégiques ou des endroits faiblement défendus, évitant ainsi des pertes superflues pour maintenir son élan et son unité interne. « Ils ont parcouru une distance considérable au cours des derniers jours, mais il s’agissait de zones très peu peuplées et ils ont rencontré très peu de résistance », selon John Drake, du groupe Ake. « L’EI est très doué pour faire fuir ses opposants quand ceux-ci sont déjà affaiblis », explique Michael Knights, expert au Washington Institute.

Une propagande efficace

Partout, l’EI est précédé de sa réputation d’extrême brutalité. Et cela lui a permis de s’emparer de villes entières sans rencontrer de résistance. Maîtrisant Internet et les réseaux sociaux, le groupe diffuse notamment des photos d’ennemis décapités. Les jihadistes diffusent une image « de cruauté presque surhumaine », selon Patrick Skinner, du groupe Soufan. À Sinjar, les civils paniqués ont ainsi abandonné la ville dimanche quand l’EI a annoncé son entrée imminente. « L’intimidation est une tactique importante pour l’EI, selon M. Drake. Qu’ils utilisent ou non toutes les armes dont ils s’emparent, ils les photographient à des fins de propagande. »

Des opposants faibles

Ce qui fait la force de l’EI est avant tout la faiblesse de ses opposants. « Les peshmergas (forces kurdes irakiennes) sont assez bons (…) (par rapport aux autres forces irakiennes), mais ils sont vraiment légers en termes d’infanterie. Ceux qui ont l’expérience d’avoir combattu Saddam Hussein ne sont plus là », explique M. Cordesman. Ils pâtissent également des problèmes de trésorerie du Kurdistan. Quant à l’armée irakienne, qui a tenté de se ressaisir après la débandade des premiers jours de l’offensive, elle ne rencontre pas de réels succès. « L’EI a révélé des lacunes navrantes chez ses opposants, et, pour commencer, le spectacle réellement lamentable de l’armée irakienne », relève Soufan. Si, sur le long terme, un meilleur entraînement et de nouveaux équipements sont nécessaires, les frappes américaines pourraient temporairement équilibrer les forces. Elles pourraient également « affaiblir des positions de l’EI et rendre plus facile une contre-offensive », estime John Drake.

Orient Le Jour © Orient Le Jour (Liban)

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